Pour parler de Trentemøller, en grand fan que je suis depuis déjà un lustre, il est nécessaire de ne le comparer qu'à lui même. La raison est simple : sa musique est atmosphérique, profonde, chaude et froide à la fois, planante, bref, un univers marqué d'une empreinte indélébile.

Ayant impulsé et renouvelé  une electronica adolescente dans les années 90, il est, selon moi, l'un des artistes les plus recommandables de la scène electro-acoustique mondiale. En atteste les multiples remixes d'artistes, de Moby (Go) à Depeche Mode (Wrong), en passant par Djuma Soundsystem (Les Djinns) et Röyksopp (What else in there).

Quand certains le classe dans la catégorie house (je pense à l'un de nos chroniqueurs Novo...), il est vrai qu'il a commencé en 1997 par un duo (Trigbag) en perçant sur la scène house internationale. Esprit et duo qu'il abandonnera ensuite pendant deux ans.

Revenu en 2003 avec un Ep ravageur (du même nom que l'artiste), c'est désormais par la lorgnette d'un style techno-minimal, break beat et ambient qu'il faut regarder.

En 2005, monsieur Steve Bug le prend alors sous son aile, l'intégrant sur son label Audiomatique puis au sein du label Poker Flat où il produit son premier et grand album, The Last Resort (2006). Le danois y révèle un univers intimiste, éclatant la bulle electronica par une claque pleine de talent. Des morceaux travaillés comme une glace éternelle, qui ne fond jamais mais qui crépite, traversée par une onde subtile et intense. Sous cette glace, un machiniste est aux commandes. Quelques instruments sont posés sur le côté dont un clavier analogique, une guitare électrique et une basse.

S'ensuit un album de remixes et d'inédits, The Trentemøller Chronicles (2007) et un Ep « live in concert » enregistré au Roskilde Festival 2007 (2008) qui donnait une envie furieuse d'y être ! 

Alors voilà, cinq ans après son premier album, Anders Trentemøller revient nous titiller avec Into The Great Wide Yonder, sorti sur In My Room Records. Faites que ce soit bon, surprenant, novateur...

Ça commence avec la basse saccadée de The Mash And The Fury, la guitare saturée donne ses premières notes puis continue dans une ambiance electroniquement froide et lourde mais surtout... rock.

Hé oui, voilà  la nouvelle touche de Trentemøller, une forme cinématique qui ressemble à celle d'un Ennio Morriconne ou Quentin Tarantino. Le dj/producteur s'est entouré pour l'occasion de deux voix féminines, celles de Solveig Sandness et Josephine Philip, membres du groupe danois Darkness Falls.
 
Dans Sycamore Feeling, elles apportent une touche débridée et sensuelle. Un morceau digne d'un bon western. On en apprend d'ailleurs un peu sur la vie d'un cow-boy solitaire avec Even Though You're With Another, la plainte froide et mélancolique d'une femme blessée, prête à pardonner. On retrouve aussi la voix masculine du song-writer Fyfe Dangerfeld sur Nerverglade. Ça ressemble à du Air, peu convaincant. 

Au premier plan des morceaux, on retrouve surtout la guitare et la batterie, comme dans Past The Beginning Of The End. On s'imagine dans un endroit baigné de soleil, les chœurs aériens venant ajouter plus de gravité à l'espace et au temps. Cet espace devient encore plus lourd et grave avec Häxan et Metamorphis qui sonnent comme un moment de perdition, les vautours ou la tête virevoltant dans le ciel...

Shades of Marble commence comme Moan (de l'album The Last Resort). La tension est palpable, le rythme est rapide et la guitare s'affole. Mais rien n'explose, on navigue entre le calme et l'excitation. 

Ça devient alors plus excitant avec le très rock Silver Surfer, Ghost Rider Go, comparable au Misirlou de Pulp Fiction. Un rockabilly survolté où tout le décor peut servir. Ici il s'agit de danser ou de se bastonner !

Tide vient clôturer l'album sur une note romantique et spirituelle, histoire de dire « Vous avez aimé ? »  

Je répondrai alors par l'affirmative, en criant si je le peux : « OUI ! J'aime ce mec ! ». Après cinq ans, Trentemøller revient avec un album percutant, doté d'une âme rock noisy a faire pâlir un Morriconne. Même si l'electro reste la toile de fond de son œuvre, le danois prouve avec classe que ses influences sont multiples. Un album à découvrir, absolument !!!  
 
Label: In my room

 

 

Tracklist de into the great wide yonder
01 The Mash and the Fury
02 Sycamore Feeling
03 Past the Beginning of the End
04 Shades of Marble
05 …Even Though You’re With Another Girl
06 H채xan
07 Metamorphis
08 Silver Surfer, Ghost Rider Go!!!
09 Neverglade
10 Tide
 

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