Bon Voyage Organisation c’est un aller simple pour un trip intemporel aux sonorités disco. Adrien Durand, le Commandant de Bord, a répondu à nos questions lors de leur escale aux Bars en Trans.
Comment a commencé l’aventure Bon Voyage Organisation ?
J’ai sorti en 2009 un disque sous le nom Les Aéroplanes sur Mathematics, un label de house de Chicago. Je passais à cette époque beaucoup de temps avec Antoine Kogut (une des moitiés de Syracuse). Il m’a convaincu qu’il fallait profiter de la sortie de ce disque pour faire des lives. Au final ces concerts “artisanaux” m’ont permis de me rendre compte que je n’avais pas vraiment envie de faire des concerts avec des machines mais plutôt de monter un vrai groupe… C’est dans cette optique que Nicolas nous a rejoint à la batterie pour les deux disques précédents (Sorciers des Aéroports, L’imposture), et qu’on a commencé à s’appeler Bon Voyage. Le groupe s’est agrandi avec Maxime (qui a pris la place d’Antoine) aux claviers et Romain à la guitare, puis Julien (flute, saxophone) et Lucie (chant). Avec l’arrivée de ces deux derniers la musique a pris une tournure vraiment différente, et on en a profité pour ajouter la particule Organisation.
C’était quand le 1er live, tous ensemble, dans votre formation actuelle ?
Début juin dernier, pour fêter la sortie de Xingyé.
Et c’est toi le compositeur principal ?
En effet, mais la musique prend le plus souvent forme en répétition. Tout le contraire d’un groupe à partitions. D’ailleurs je remarque que les groupes notent toujours leur setlist avant de monter sur scène, je n’ai jamais vu ça chez nous… On ne fait jamais de trackplay, nos concerts sont un continuel effort de réinterprétation, on s’invective souvent sur scène pour décider du morceau suivant, on essaie de réagir à chaque public de manière différente.
Qu’est-ce qui t’inspire ?
J’écoute bien sûr beaucoup de musique. J’ai par exemple eu ma grande période de musique polonaise durant laquelle j’ai acheté une quantité indécente de musique polonaise des années 50 à 80, pas que des disques pointus, parfois de la simple variété, simplement pour m’imprégner de cette culture, de ses atmosphères. Je te parle de la Pologne, mais j’en suis à une douzaine de pays… J’ai aussi beaucoup d’autres centres d’intérêts, artistiques ou non. Ce qui m’inspire vraiment, c’est la curiosité.
Votre EP s’appelle Xingyè, vous nous emmenez en Chine avec ce disque?
Je suis un avide lecteur de science-fiction. Dans l’œuvre de Philip K. Dick, la ville, le plus souvent Los Angeles, est toujours un personnage. Peut-être que Los Angeles n’a plus le même potentiel dystopien que dans K. Dick. La Californie n’est-elle pas devenue le havre du vert? de l’éco-friendly? Je faisais à ce moment-là mon mémoire de master d’Histoire, qui était en lien avec l’Afrique, et je lisais beaucoup de choses sur l’urbanisme à Lagos qui m’a convaincu qu’elle était la mégalopole du futur, dystopienne certes mais aussi multiculturelle, notamment avec cet afflux énorme de chinois. On pourrait se demander si Philip K. Dick n’en aurait pas aujourd’hui fait son personnage. Quand à ces chinois installés en Afrique, ne sont-ils pas les vrais citoyens du monde? La thématique Bon Voyage Organisation ce n’est pas le voyage de tourisme, mais l’exil ou l’exode, c’est ça qui me fascine. Un thème que l’on retrouve souvent en musique, des rhapsodies hongroises de Franz Liszt à Exodus de Bob Marley.
Alors, pour un titre comme La Traversée, où il y a des textes en chinois, comment vous avez fait pour l’écrire ?
J’étais à un déjeuner de famille chez ma grand-mère, elle-même italienne de Tunisie, quand au moment du café elle m’a fait découvrir Google Translate. C’est vraiment fantastique ce truc, ça marche avec plein d’autres langues, ça m’a donné plein d’idées pour les disques suivants.
Récemment vous avez joué à Londres, en 1ère partie de La Femme, comment avez-vous été accueillis par le public là-bas ?
Une salle comme le Koko remplie par deux groupes français, voilà déjà quelque chose d’assez exceptionnel. On a d’ailleurs été surpris par la forte proportion d’anglais parmi le public. En même temps, quand tu vois comment La Femme le dégomme à chaque concert, ça fait sens. On est loin des Inrocks Lab. Sinon on n’a pas reçu de canette de bière sur scène, mais pas de culotte non plus.
C’est la 1ère fois que vous jouiez à l’étranger ?
Non, on avait déjà joué à Londres une fois, il y a très longtemps, parce que les 2 disques sous le nom de Bon Voyage étaient sortis sur un label anglais.
Quand vous avez commencé, vous pensiez que ça allait prendre comme ça ?
Non, nous sommes les premiers surpris, surtout dans un pays comme la France qui ne brille pas par une scène musicale particulièrement progressiste (ils appellent cela l’exception culturelle et c’est de la grosse connerie). Un peu comme notre classe politique, nous sommes des cumulards. En plus de ne pas faire des ballades autotunées pour Virgin Radio ou de la lounge pour le diner avec ton patron et sa femme (qui se sont rencontrés en 2000 à une soirée French Touch), on tourne à 6 sur scène + 2 techniciens, en ne logeant que dans des hôtels de luxe. Tout ça pour remercier notre tourneur qui pourrait préférer s’occuper d’un DJ et de son macbook plutôt que de nous.
Vous avez un disque en préparation ?
On vient de finir un nouvel EP qui sortira probablement à la fin de l’hiver, c’est la suite logique de Xingyé, j’ai hâte de pouvoir le partager.
Concerts à venir : 04.02.16 Le Temps Machine – Tours ; 05.02.16 La Touche Française / Théâtre du Rond Point – Paris ; 20.02.16 Heretic Club - Get Wet – Bordeaux ; 28.02.16 Festival GeneriQ - La Vapeur – Dijon ; 05.03.16 La Coopérative de Mai - Clermont Ferrand ; 24.03.16 Le Grand Mix – Tourcoing ; 27.03.16 Festival Panoramas – Morlaix ; 19.04.16 Les Mardis du Grand Marais – Riorges ; 13.05.16 Festival les Nuits Botanique – Bruxelles ; 11.06.16 Festival Vie Sauvage - Bourg sur Gironde