Leon Vynehall est un homme qui aime se faire désirer. Discret, on commençait à l’oublier depuis 2014… En effet, il n’avait rien sorti depuis cet album 7 titres house fusion ‘music for the uninvited’. Plus la composition prend du temps, plus on s’impatiente. Qu’a-t-il donc concocté ?
Après avoir expérimenté plusieurs genres de house dans music for the uninvited, on en voulait plus.
Le Britannique revient avec un deuxième album. Il pose ses valises cette fois sur le label Running Back pour y laisser un style d’inspiration plus personnel avec Rojus. Comme il l’annonçait à Trax, son album a été inspiré par un documentaire "J'ai vu un documentaire sur National Geographic qui s'appelait Designed To Dance, on y expliquait le rituel d'accouplement des oiseaux de Paradis. En regardant ça, j'ai pensé ironiquement que ces tentatives de séduction chorégraphique des oiseaux étaient comparables aux clubbeurs qui essaient d'attirer l'attention de quelqu'un d'autre sur le dancefloor. J'ai donc eu l'idée de composer un album dansant, et qui serait construit comme une nuit en club, de l'ouverture des portes à leur fermeture, en utilisant des samples de ces oiseaux de Paradis dans leur habitat naturel". Appuyer sur le bouton lecture, c’est un peu comme pousser la porte d’un club exotique avec toutes les variations émotionnelles qui s’y rapportent pour la refermer au bout du 8 ème track.
Toujours sur des bases house, il sort des sentiers battus qu’il avait déjà ébauchés en incrustant des sonorités transformant les partitions house en de petites perles mouvantes. Rojus a cette patte bien plus affirmée. Les sonorités à base de bruitages d’oiseaux, d’une grosse caisse bien lourde et ferme, des percussions indomptables et des voix presque religieuses entre le gospel et les cris mystiques donnent un aspect sauvage à l’album.
Dès la première track la porte du club s’ouvre, le rythme progressif avec les couches s’ajoutant peu à peu et laisse entrevoir le commencement de cette soirée sous le nom de beyond this. Saxony fait monter tranquillement la sauce, on sent en effet les influences tribales, mystiques avec des vocaux qui suivront dans tout l’album aux rythmes des oiseaux du paradis. Blush en est la consécration. Jungle au sens littéral du terme, on est au point culminant où la voix évangélique ‘ohhh’ se mélange au piano et aux cordes ; le tout dans une inertie toujours house. Elu meilleur nouveau titre par Pitchfork il représente l’album construit sur ces bases. Le voyage se termine par Kiribus, un track rythmique aux percussions métalliques et au kick contrecarré par une caisse claire caressée en direction du break de fin. Ce rythme est interrompu et ajusté par voix et cris d’animaux portant la marque de fabrique de cet album. Il est 8h du matin, le club ferme, rentrez chez vous.
L’histoire de l’accouplement des oiseaux reporté à l’homme, c’est ce qu’a voulu raconter Léon Vynehall dans ce bel album (tant graphiquement que musicalement) qu’il faut écouter avec le cœur. Riche et personnel, il promet un beau futur à la carrière de l’artiste.