Cet album s’appelle Groove Denied en raison de l’insistance du label Matador à sortir l’album Sparkle Hard de Sephen Malkmus avec ses musiciens the Jicks, plutôt que cet album qui le voit davantage expérimenter avec l’électronique. Cette anecdote a été révélée en mai de l’année dernière dans le portrait de Stephen Malkmus qu’a publié le Washington Post, un article qui a sans doute exagéré le rejet du label puisque Matador assurait alors qu’il était dans ses projets de sortir cet album quelques temps après Sparkle Hard, qui selon eux était un album plus abordable pour le retour du leader du groupe Pavement après 4 ans d’absence.
Toutes ces histoires autour de l’album Groove Denied font effectivement jaser mais elles ont tendance à surestimer l’étrangeté ou le côté exploratoire de l’album.
Enregistré seul par Stephen Malkmus lui-même avec une flopée de synthétiseurs, boîtes à rythmes, et guitares, Groove Denied ne repousse pas tant que ça les frontières de sa musique.
Peu importe l’influence électronique, il repose plutôt sur le l’ère post-punk et ses expérimentations analogiques surnaturelles.
La première face du disque penche particulièrement vers cette esthétique, culminant d’abord avec la pulsation Krautrock du morceau “Viktor Borgia” puis avec le bruissement lancinant du morceau “Forget Your Place”. Toute cette tension s’évacue dès que le morceau “Rushing The Acid Frat” entame la deuxième partie de l’album avec ses airs de face b d’album de Pavement des années 90 avec leur pop bancale. A partir de là, les synthétiseurs deviennent accessoires des guitares et non l’inverse comme au début de l’album, et si ces 5 derniers titres ne sont pas à la hauteur du côté exploratoire et experimental promis par la hype qui entourait la sortie de l’album, ils nous proposent tout ce qu’on aime chez Malkmus , ce côté pop attachante, bancale et barrée avec son lyrisme plein de spontanéité, des paroles aux mélodies. Et s’il lui fallait traverser une phase robotique et futuriste pour accoucher de la deuxième partie de l’album alors il valait le coup d’expérimenter en ouverture.