Lexicon - Rapstars

Plus tard, en parlant de nos bonnes "années 2000", on dira (ou pas) que le mélange des styles musicaux était à l'honneur...
A qui la faute ? Aux multiples artistes passés par là. Précurseurs, héritiers, copieurs ou créateurs consciencieux d'un style et d'une culture musicales. Ou alors aux auditeurs et spectateurs, public critique, curieux, surpris, déçus ou extasiés, témoins mais aussi créditeurs de cette culture. Bref, on va revenir au propos, le mélange musical.

Au même titre que la musique électronique, venant côtoyer la musique classique, pop, punk et bien d'autres, le hip-hop tente ici de fusionner avec le rock. Dans le même genre, on se souvient de l'album des toulousains Binary Audio Misfits qui avait tenté ce mélange.

Pour les frères Nick et Gidéon Black aka Lexicon, leur fameuse culture musicale s'appuie sur le rock FM, la pop et la new wave. Ils passent ensuite dix années dans la scène hip-hop indépendante de Los Angeles, peaufinant leur style hybride et percutant. Auteurs de quelques EPs fin 90 (Snap, Junk Food, The Certain Way) et de deux albums remarqués, It's The L!! (2001) et Youth is Yours (2003), Lexicon arrive avec un album attendu, le bien nommé Rapstars.

Sorti le 20 septembre dernier sur Laitdbac Records/Module, Rapstars est produit par E.D. Moncef et C-Minus, deux grands habitués de groupes de rock comme Queen of The Stone Age et Foo Fighters.

Aux côtés des deux frères, le groupe angelin est composé d'Erich Schneider (guitariste et chanteur), d'Alex Pauley (bassiste et chanteur) et de Dj Flip (scratch).

L'entrée dans Rapstars se fait avec Ready to Go, des riffs de guitare rock, une basse bien rythmée et du scratch. Ce qui surprend, c'est la pêche donnée au morceau, emmené par un flow rapide et énergique des chanteurs.

Snap commence avec une basse bien disco, un riff entêtant et les voix font le reste. Le morceau laisse augurer une certaine continuité, décomplexée et jonglant entre instrus rock et hip-hop.

Wake Up est d'ailleurs un morceau hip-hop bien lourd, un synthé qui tourne en boucle et ça ressemble à un gros boeuf entre Mcs. Bangyahead est du même acabit.
On passe ensuite à un côté plus pop avec Junk Food ou Ordinary, dans un style que les deux frères maîtrisent quand même pas mal.

Workin In Workin It Out passe aux choses sérieuses, un morceau rock qui nous fout directement dans l'arène. Le rythme est sacrément rapide, ça pourrait se rapprocher d'un Rage Against The Machine, en moins violent bien sûr, mais tout aussi bon.

Summer Reign donne le beau rôle au flow des chanteurs, un morceau aux allures du hip-hop américain des années 1990 (Wu Tang Clan ou encore Beastie Boys). Pareil pour Check Out My System, avec une pointe de rock en plus.
A Bit, Calls et I Wanna Be Sedated font vriller la guitare en gardant toujours une bonne mélodie.

Mention spéciale pour Big Money qui est pour moi le morceau le plus abouti de cette fusion rap/rock. On y retrouve une pure instru rock, complétée par du scratch à l'ancienne et un flow qui fait bien mal. Joli coup !

Au final, Rapstars est un album à l'âme hybride et travaillée, mêlant hip hop et rock de manière originale, décontractée et parfois un peu aléatoire. Représentation des multiples influences des frères Black, cet album s'appuie sur un rap au style pop, rock et punk dont les plus belles références pourraient être les Beastie Boys ou The Streets. Réouvrant les portes de l'alchimie musicale, Lexicon vient se placer de manière énergique et humble, dans la cour des stars du rap.

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