Si le rock indé poisseux et saturé de Fat White Family n'est pas tout à fait votre tasse de thé, , il s’avère que leur leader Lias Saoudi a d'autres cordes à son arc.

Le voici à la tête de Decius, un projet de collaboration beaucoup plus électronique nommé d'après un obscur empereur romain, qu’il forme avec les frères Liam et Luke May du label Trashmouth Records, un duo qui a produit tous les albums de Fat White Family, et Quinn Whalley du groupe Warmduscher que je vous avais présenté dans cette émission au printemps dernier, et qui est aussi la moitié du projet Paranoid London.

Le premier album Decius Vol 1, rassemble quatre EPs composés d’une série de 33 tours autoproduits qui sont apparus au cours des huit ans qui ont suivi la publication de leur premier titre Come To Me Villa. Le son du groupe passe de la techno à l’ancienne à l'acid-house ponctuée de voix de fausset troublantes et de paroles inhabituellement complexes.

La musique de Decius est faite à la fois pour le mouvement du corps et le plaisir du cerveau, et traverse des nuits de clubs à travers plusieurs décennies, comme un lien temporel manquant entre les groupes de house canadiens Azari & III, le père de la disco électronique Giorgio Moroder et les extraterrestres de transe psychédélique des années 90 Eat Static.

Il n'est pas surprenant d'entendre que Lias Saoudi a eu une "expérience complètement transformationnelle" en se retrouvant précipité entre les murs mythiques du club berlinois Berghain car il raconte que : "Tout le monde était à poil, se baisait avec un cocktail de drogues et ça ne s'arrêtait jamais. On n’était focalisé sur personne, tout le monde était le personnage principal. C'était vraiment inclusif."

L'inclusivité qu’il y a trouvé pourrait d’ailleurs expliquer comment il en est venu à ce projet, après avoir parlé de son identité mixte,  moitié classe ouvrière du Nord de l’Angleterre, moitié immigrant musulman, et des déconnexions inévitables que tout cela implique.

L’album nous entraîne alors dans un voyage nocturne un peu gluant, pour nous plonger dans un monde sordide où une bacchanale sous une lumière blafarde, faite de fantasmes et de peur, nous offre de nouvelles réalités intimes, paradoxalement séduisantes.

Un disque bonus de remixes et de versions alternatives vient s'ajouter à tout cela, ainsi que la promesse d'un deuxième album d'ici peu. Mais ce festin pour imagination sombre et sexy qu'est Decius Vol 1, et l’engagement total de Lias Saoudi dans cet univers charnel et tactile, mérite de trouver un large public pour ce premier album d'une qualité stupéfiante.

https://decius.bandcamp.com/album/decius-vol-i

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