Tout droit sorti d’un squatt crasseux du sud London, les Fat White Family prennent un malin plaisir à se foutre de la gueule du politiquement correct avec un sens aiguisé de l’humour noir. Pas étonnant venant d’un groupe qui décrit leur nouvel album comme une invitation de la souffrance à danser sur le rythme de la haine des humains. Et si on devait imaginer l’antithèse de ce qui cloche dans le rock anglais actuel, alors vous n’auriez pas à aller chercher plus loin que chez Fat White Family. Leur musique pioche dans le post punk avec des rythmiques motorik récurrentes et un fuzz psychédélique qui provoque des vertiges et retourne l’estomac, comme pour faire sortir l’auditeur de sa zone de confort et attirer le jeune en mal de rebellion.

Leur premier album “Champagne Apocalypse” était une chevauchée sauvage et crasseuse à travers les terres rock, country et psychédéliques qui lorgnait vers les groupes The Fall ou les Butthole Surfers, et qui évoquait autant des liaisons sexuelles sordides que le bombardement massif de Disneyland.


Leur nouvel album Songs For Our Mothers les voit opérer de manière moins furieuse et au contraire plus léthargique, dans une ambiance où le malaise domine et où les expérimentations et incursions électroniques lo fi se font la part belle. La voix du chanteur Lias Saoudi hésite entre marmonner et crier à propos du tueur en série Harold Shipman, de la relation entre Ike et Tina Turner ou encore les derniers jours des nazis dans leur bunker de Berlin, quand les rats piégés se retournaient les uns contre les autres. L’énergie de ce deuxième album est donc bien sombre et malade et donne l’impression que tout risque de s’écrouler d’un moment à un autre. Une forme de fragilité, d’impression de précarité comme témoin de tensions artistiques au sein du groupe et preuve d’une démarche sans concessions.

 

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