Avec leur album de 2018 Mogic que nous vous avions fait découvrir dans cette émission, Hen Ogledd évoluait d’improvisations amorphes de leurs débuts à quelque chose qui ressemblait bien plus à un groupe de pop relativement plus traditionnel. Et pourtant ils ne s’étaient pas pour autant débarrassé de toute la bizarrerie qui a initié le projet, mais l’ont incorporé comme composante de morceaux plus structurés qui crachaient des mélodies optimistes sur de l’électronique un peu noisy et des thèmes entêtants.
Si L’album Mogic les voyaient tremper les orteils dans la pop, avec son successeur qu’on écoute aujourd’hui les voilà qui plongent tout entier dedans.
Ce double album ambitieux représente une belle évolution de leurs sons pop, offrant des morceaux très bien produits qui offrent des accroches très directes, des refrains devenant de véritables hymnes, et un rendu généralement moins désordonné de leur esthétique.
Le meilleur exemple de ce genre de pop pseudo-assagie qui nous vient immédiatement en tête est définitivement “Trouble” qu’on vient d’écouter. Même les morceaux les plus pop de Mogic , l’album précédent, étaient enrobées de production psychédélique et de moments instables et difficiles pour en contrebalancer la douceur. C’est sans doute le morceau le plus direct de leur répertoire passé et actuel, avec un chant bien en avant dans le mix, des jeux de question/réponse entre les lignes de synthé et de basse au son eighties et un refrain massif et clairement défini.
Ailleurs sur l’album, les synthés brillants et le côté très chantant et ludique du morceau ”Crimson Star” rappellent ABBA, et l’électronique placide et les rythmes réguliers du morceau “Remains” penchent vers du Kraftwerk tandis que le chant un peu maladroit et touchant donne au morceau un côté un peu twee pop .
Et alors même qu’ils se délectent de cette nouvelle incarnation pop, Hen Ogledd n’abandonnent pas leurs racines abstraites et avant-gardistes ou leurs tendances à la disruption.
“The Lochness Monster’s Song” par exemple est un tourbillon étourdissant de voix et de tonalités informatisées qui rappellent les expérimentations les plus barrées de Kate Bush, tandis que “Bwganod” et “Paul is 9ft Tall (MarshGas)” apparaissent eux plus angoissés et baroques.
“Time Party” pour sa part est une parodie de morceau de dance-pop old school, mais les synthés bancals et le sax en arrière fond lui donne un côté assez mutant. Même les morceaux les plus droits sont agrémentés de solos de guitare expressifs de l’un des membres fondateurs Richard Dawson, leur donnant un côté assez curieux et turbulent.
Free Humans est un album dense et riche, avec des sonorités dans chaque recoin disponible et des champs infinis d’idées minutieusement arrangées dans chaque titre.
Aussi précisément calculé que infiniment imaginatif, Free Humans crée un univers très vaste dans lequel Hen Ogledd peut poursuivre sa marque de fabrique de pop musique bizarroïde, mais de façon de plus en plus attachante.
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