Peu avant la sortie de son deuxième album, le titre "Calgary" promettait une véritable évolution dans son travail. Le timbre est là, les harmonies aussi mais apposées sur des nappes au clairon, une guitare électrifiée, moins bavarde, et l'apparition de percussions profondes. Le morceau est une véritable splendeur sacrée et confirme la facilité avec laquelle l'ours transporte les cœurs, chante les peines.
Et s'il a voulu pervertir ses schémas musicaux par une courageuse recherche sonore, à ce décidément très beau morceau se succède la track finale Beth/Rest, incompréhensible standard ninety au goût relativement douteux, entre le générique de Palm Beach et les meilleurs moments de Gold. Le travail en mode "clean" sur la guitare folk présente sur une bonne partie de l'album nous apparait alors comme suranné, le piano réverbéré et les violons numériques passéistes.
C'est peut-être ce qui permet au final à la musique de Bon Iver de garder un étonnant intérêt. Mr. Vernon se moque clairement des modes et des courants, quelques obscures bandes-sons de films de séries B doivent trainer dans son lecteur mp3, et à n'en pas douter nous écoutons la musique qui se ballade dans son cerveau lorsqu'il pose les yeux sur de grandes avenues couvertes de neige de Minnesota City.
Bon Iver traite la musique de manière extrêmement personnelle, avance à l'aveugle dans un univers ou la vision est à 360°, en faisant sa force émotive et sa faiblesse physique.
Tracklist de « Bon Iver »
1. Perth
2. Minnesota, WI
3. Holocene
4. Towers
5. Michicant
6. Hinnom, TX
7. Wash.
8. Calgary
9. Lisbon, OH
10. Beth/Rest