Boy & The Echo Choir - And night arrives in one gigantic step

Voilà une pépite rare et fabuleuse que nous vous dévoilons. Les raisons sont simples, l'univers de cet album survole une scène pop "fouillie" et parfois impersonnelle, pour venir se placer dans les hautes strates du sensible.

Boy & The Echo Choir, c'est d'abord l'histoire d'un duo (Tazio & Boy) originaire de Saint-Nazaire, fondateur du label indépendant My Little Cab Records et auteurs de deux albums salués depuis. Boy alias Caroline Gabard part ensuite en direction de Bruxelles pour s'entourer de la fine fleur de la scène rock bruxelloise. Rachel Langlais (chanteuse et accordéoniste) et Ti Yann Février (batteur), membres du groupe belge Soy un caballo, fusionnent alors avec Boy pour créer le trio Boy & The Echo Choir. D'autres artistes participent aussi au projet comme Thomas Van Cottom, Aurélie Müller, Ludovic Bouteligier, Delphine Coutant, Gregory Aliot, Sébastien Müller-Thür et Tazio.

Le label belge Humpty Dumpty Records pousse les huluberlus à sortir un album. Le résultat, c'est "And Night Arrives in One Gigantic Step", sorti début 2010, d'abord en format digital, puis en version CD ce mois-ci via Le Son du maquis!

Le titre de l'album annonce déjà la couleur, celle du crépuscule et de la nuit, où le chaud se mélange puis cède la place au froid, comme une douce descente vers le calme et la nostalgie. Les influences du groupe vont d'ailleurs dans ce sens : Erik Satie, Jessica Bailiff, Low, Cat Power ou encore la révélation autrichienne Soap And Skin.

Le premier titre "Into the Light" se joue de nous. En restant dans la lumière, le doute s'installe. On remarque déjà la place du piano, maître à bord, et de la guitare, tous deux mélancoliques. Se rajoutent quelques sonorités électroniques et instrumentales, comme des petites billes lancinantes. Mais c'est surtout la voix de Boy qui nous emportent, claire et envoûtante.

On se laisse alors porter par les autres morceaux. On visite "Paris" en hiver, le temps s'y fige et devient froid. "Flower Walk" nous emmène, toujours en hiver, sur les pentes raides du doute et de l'oubli (qui sont les thémes récurents de cet album), dans l'âme d'une fleur torturée par la solitude et luttant pour sa survie.

"Naphtalene" est un rèpulsif toxique, propageant ses vapeurs autour de nous mais qui suscite la curiosité.
"Nina Jane" est emmenée par le métallophone de Rachel, le piano et la voix de Caro. Un morceau d'une douceur exquise. Tout comme "In the Garden".

"A Great Sorrow" fait place à l'accordéon lancinant, aux choeurs aériens et au chant en demi-teinte, d'une douleur intime. Il en va de même pour "Last Days", l'histoire des derniers jours passés avec l'autre, une fin silencieuse dont il ne reste que le souvenir et parfois le regret.De la mélancolie à l'état pur qui se double d'espoir avec "Take Me Home", une guitare lourde et meurtrie.

Les bruissements de "Silent Is Your song" font place à une complainte, où la trompette vient rajouter de la gravité à l'immatériel du silence.

Le meilleur est pour la fin et la fin en est le propos, "It Might Be A Wrong Place" appose un violon douloureux et une batterie subtilement maîtrisée, les paroles sont plus rythmées et donnent plus de vitalité à l'en dehors, comme pour permettre de remettre les pieds sur terre.

Après l'écoute attentive de cet album, on remarque que c'est l'âme même des morceaux qui nous a entraîné, une âme remplie de questionnements et de doutes, enfouie dans les vestiges du passé et du souvenir et dotée d'une exceptionnelle profondeur. Pour son premier album, Boy & The Echo Choir se révèle être un groupe d'une grande maturité, se plaçant dans l'Olympe d'une pop mystique, intimiste et mélancolique. Pour tous les adeptes du frissonnement.

CQFD: www.cqfd.com/boyandtheechochoir