Il n’est pas aisé de ranger Chaz Bundick dans une case et depuis son premier album sorti en 2009, impossible de prédire la forme ou le style qu'il adoptera sur le suivant. D’une pop de chambre toute relax à des fausses improvisations influencées par le r’n’b, sa musique s’est révélée particulièrement protéiforme au fil des années.
Mais reste une constante, cette ambiance à la cool et réjouissante qui transpire de ses morceaux et sur laquelle on pourra toujours compter, jusqu’à ce qu’il décide de me démentir. Sur son nouvel album intitulé What for?? nous surprend effectivement à nouveau avec un détour inattendu, abandonnant le R’n’B du précédent album Anything in return à la faveur d’une pop rock 70’s très portée sur la guitare.
On y retrouvera autant des morceaux de power pop, de rock , de soft-rock pour les fréquences AM des radios américaines, de surf rock et même un peu de disco. Et s’emparant de chacune de ces influences, il montre encore une fois énormément de maîtrise, quasiment au point d’éclipser ses meilleures productions précédentes.
Prenez par exemple le morceau Lilly, on croirait y entendre un mash up entre les guitares de Pink Floyd et les claviers et voix de Supertramp, alors que Run Baby Run pourrait avoir été écrit par Brian Wilson des Beach Boys. S’enchaînent donc une belle collection de classiques rock, un sorte d’ album Best-of d’une génération seventies au coeur tendre. Mais ce qui frappe également c’est à quel point Chaz Bundwick, au delà de son aisance habituelle, se montre extraverti, démontrant une confiance à toute épreuve avec des morceaux accrocheurs comme “Empty Nesters” ou la disco lumineuse du morceau Spell it out qu’on vient d’écouter.
Même dans les morceaux comme Lilly, qui pourraient éventuellement rappeler ses premières productions Chillwave, la voix apparaît plus en avant dans le mix et dans des sonorités plus nuancées, ou moins noyées dans la reverb. Toro Y Moi s’est donc mis en danger avec What for?, sans doute par crainte d’ennuyer ses fans avec une bande son pour nuits tranquilles et matins paresseux. Un risque couronné de succès, qui le confirme comme songwriter et vocaliste hors-pairs, alors qu’on le connaissait déja comme un excellent producteur.