Ressortez vos postes K7 et autres radiocassettes mobiles, changez les piles et glissez-y vite la cassette « COOL » de De la Montagne sortie le 17 avril.
Pour la petite histoire, De La Montagne c’est un duo un peu loufoque repéré en 2013 par les Inrocks lab, puis heureux participants de la Red Bull Music Academy à New-York, leur single « Girls » avait retenu notre attention cet été-là. Avait ensuite suivi leur EP « Make it Happen » en mars 2014, remarqué par son aura rafraîchissante témoin d’une életro-pop que DLM revendique naïve et très orientée bubble gum ; une pop qui vous donne envie d’aimer le rose et qui sait décidément faire tourner l’aiguille du cadran du pôle négatif au pôle ultra positif.
Avec leur cassette « COOL », dont le son se fait volontairement lo-fi, De la Montagne fait le choix d’un format rétro à souhait tout en se moquant gentiment de la mode du cool vintage. Un format daté qui accompagne un contenu surprenant : sur la Face A, 7 reprises de chansons, sur la face B une discussion informelle avec le chanteur David Nzeyimana (Le Colisée) et l’artiste Constance Proux sur le concept de reprises dans l’art. Plus qu’un énième EP, « COOL » est avant tout une démarche musicale et réflexive sur notre rapport au passé en musique.
Camille Bouvot-Duval et Alto Clark y voyagent dans les époques et les genres. Du rap de Disiz La Peste au tube disco « You sexy thing » des Hot Chocolate en passant par la pop d’Etienne Daho et le « Tron » de Natalie Imbruglia (sûrement le choix le plus surprenant) ; le duo se fait plaisir et revisite ses classiques. Camille et Alto s’amusent avec les titres originaux, les déstructurent, triturent les mélodies et en inventent de nouvelles. Ils créent au final de tous nouveaux morceaux dont l’essence et l’esprit se trouvent très loin des originaux, ils en recréent l’univers et les expulsent vers des terres où l’on aurait difficilement imaginé les trouver. Le duo apporte une bouffée d’air sur les 7 morceaux et les oxygène à coups de touches tropicales pour un voyage électro exotique dans leur univers pop empreint de sensualité. On y retrouve le savoureux savoir-faire de DLM en matière de beats, des associations musicales insolites, et leur façon de rendre l’innocence mâture.
Cette cassette, tant par les reprises Face A que par la discussion face B, interroge le concept de reprise, son utilité, sa complexité, la notion de fidélité qu’elle implique généralement et qui est pourtant joliment remise en question par le duo. Les reprises de De la Montagne, de par la liberté qu’elles s’accordent, semblent davantage flirter avec le « remix » et interrogent involontairement cette différence entre la reprise et le remix. DLM utilise les morceaux comme une base musicale riche, une inspiration qu’ils utilisent au profit non d’une recréation, mais d’une véritable création.
De la Montagne arrive à imprimer son univers et sa pop reconnaissable sur un EP de reprises, et ça, pour un jeune groupe pop, c’est plutôt cool en effet.
https://delamontagne.bandcamp.com/album/cool
