C’est un nouvel album écrit dans un contexte particulier, ou pendant la convalescence d’un Bradford Cox hospitalisé après s’être fait renversé par une voiture en décembre 2014, et un album qui les voit faire table rase et repartir à zéro à nouveau après un Monomania déja très différente de l’album auquel il succédait.
Car si l’on exclut le morceau Snakeskin et ses résurgences pop et même un peu disco comme seul héritage de l’album Monomania, Fading Frontier est un opus qui les ramènent à l’ère Microcastle ou Halcyon Digest. Et même si ce nouvel album comprend des contributions de Tim Gane de Stereolab et James Cargill de Broadcast, qui savent comme nul autre façonner des morceaux aériens et introspectifs, ce nouvel album reste de la trempe d’un classique de Deerhunter avec un esprit tapageur qui hésite entre le poignant et le cinglant. Après le grand bordel qu’était leur précédent album « Monomania », « Fading Frontier » et ses sonorités chatoyantes apporte un peu de clarté, autant au sens propre que figuré, à la musique de Deerhunter qui exhorte à profiter du moment présent et à faire le deuil de ceux à côté desquels ils sont passés.
Néanmoins, cet optimisme mijote sous une mélancolie qui rend Fading Frontier encore plus touchant. Lorsque Bradford Cox chante “Take your handicaps / Channel them and feed them back /Until they become your strenghs” “ Prends tes handicaps, canalise-les et nourris-les jusqu’à ce qu’ils deviennent une force” on perçoit ce qui pourrait être l’essence de l’expression musicale de Deerhunter: célèbrer les marginaux et les inadaptés et qui est plus que jamais mis en exergue sur leur nouvel album Fading Frontier.
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