Nouveau disque pour le prodige anglais Machinedrum et pour ce troisième album sur le label Ninja Tune, Travis Stewart aka Machinedrum opère un virage prononcé vers des productions à l’esprit bien plus pop tout en affutant son identité sonore au clubbing hybride et mutant. Dès l’album Room(s) sorti sur Planet Mu en 2011 puis sur les albums Vapor City et Vapor City Archive sortis sur Ninja Tune, Machinedrum a mélangé de vastes nappes de synthés, des breakbeats d’inspiration jungle et des vocaux R’n’B et dancehall à la frénésie de la scène Juke et footwork de Chicago.
Si tous ces éléments sont à nouveau exploités sur ce nouvel album Human Energy, les rythmes n’y sont pas aussi baroques et torrentiels, et les synthés pas aussi spacieux.
En revanche, tout sonne alors plus contrasté et propre, avec davantage de collaborations de vocalistes que par le passé. Ces voix restent cependant tout aussi triturées et modifiées que le reste des éléments sonores qui composent ces morceaux, fonctionnant alors autant comme des instruments supplémentaires que comme des accroches pop. En comparaison les vocaux de Folding Time, le deuxième album de Sepalcure (son duo formé avec Praveen Sharma) bénéficiaient de bien plus de respiration que ceux de cet album Human Energy qui apparaissent bien plus manipulés et transformés pour leur part. Les tempos y sont globalement plus rapides, et on y décèle moins d’influences UK Garage ou Dubstep que chez Sepalcure.
Les rythmiques y apparaissent alors plus complexes et véloces bien qu’on y apprécie également un soupçon de trap. S’y construit alors un climat euphorique par vagues progressives qui n’explosent pas pour autant en un “Drop” téléphoné et convenu mais qui continuent au contraire à évoluer à la recherche d’une nouvelle cime à atteindre. Parmi les collaborations, on compte la chanteuse R’n’B Dawn Richard, dont les vocaux énergiques sont guidés par de subtils breaks drum’n’bass sur Do it 4 u, Jesse Boykins III sur un titre au R’n’b plus posé ou encore Melo-X sur un titre aussi épique qu’émotionnel. L’album Human Energy est une démonstration exaltante de la vision qu’à Machinedrum d’une pop abstraite et en perpétuelle mutation.