Le titre de ce nouvel album pour le co-fondateur du mythique label Kompakt ne laisse aucun doute à ce sujet, “&” est un recueil de 12 morceaux comptant 15 collaborateurs différents, plus ou moins connus et reconnus. Ce qui aurait pu apparaître comme un ensemble disparate ou un joyeux bordel chez un producteur moins talentueux ou charismatique se réalise entre les mains du producteur de Cologne dans une grande homogénéité d’esprit.
On imagine Michael Mayer alors prendre le lead tel un curator d’une exposition musicale dont il aurait pris part à la réalisation des différentes oeuvres exposée. Mais n’est-ce pas aussi son talent de label manager qui s’exprime d’une façon encore plus participative ? Et l’allemand n’en est pas à son premier album collaboratif puisqu’il avait déja éprouvé cette méthode de travail avec succès pour l’album SuperMayer, composé avec Superpitcher ou bien avant avec l’album Geben & Nehmen composé avec Reinhard Voigt et Tobias Thomas sous le nom de Forever Sweet. Bien sûr les artistes maison du label Kompakt sont ceux qui ont contribué aux meilleurs morceaux de ce nouvel album, Reinhard Voigt en tête de file, pour le marquer de la signature sonore du label : Un goût pour une techno à la transe racée et romantique, où le minimal s’acoquine au métronomique. On ressent encore davantage l'histoire de famille avec le grand frère de Reihnard, Wolfgang Voigt et aussi co-fondateur de kompakt et Jörg Burger les rejoignent sur le morceau “Disco Dancers” , et sa funk synthétique au refrain vocoderisé. Gui Boratto apporte sa patte sur la techno pastorale du morceau “State of The Nation”, le sound designer et pianiste Andrew Thomas sur le très cinématique Cicadelia. Mais Mayer sait aussi sortir de sa maison pour se confronter à l’univers d’artistes moins proches du sien, comme avec la participation d’Ed Macfarlane, chanteur de Friendly Fires dont on vous présente également la collaboration au sein de The Pattern Forms aujourd’hui et qui fait sonner le morceau Mindgames comme le producteur apparat aurait pu le chanter lui-même.
Joe Goddard de Hot Chip et son chant mélancolique donne quant à lui une couleur Morr music à la techno de Michael Mayer, tandis que Miss Kittin et Agoria représentent dignement la scène électronique française avec les morceaux Voyage Interieur et son spoken word féminin en français sur un son aux accents pourtant Italo et retro-futuristes, et Blackbird Has Spoken où Agoria sublime une humeur mélancolique dans un morceau faussement calme à l’ambiance bucolique.
Le meilleur morceau selon moi est celui que Michael Mayer a composé avec le pianiste de musique contemporaine Hauschka qui représente une très belle fusion des univers de ces deux artistes, entre les motifs de pianos simples et un peu folk de l’un et les lignes de basses entrainantes et les éléments très hip hop freestyle 80’s qui viennent les perturber. Les autres morceaux composés avec Kölsch, Roman Flügel, Barnt, Prins Thomas et Irene Kalisvaart ne déméritent pas non plus et prouvent eux aussi qu’en présence d’autres grands talents de la production, Michael Mayer apparaît encore plus libéré et audacieux que dans ses travaux en solo.
https://soundcloud.com/michael-mayer-kompakt