On connaissait en France le groupe Rhinocerose qui s’amusait à faire de la house music au sein d’un combo guitare basse batterie traditionnel qui nous montrait déja comment on pouvait faire un ersatz de musique électronique avec de simples instruments électriques et acoustiques.
Une dizaine d’années après ce sont les autrichiens d’Elektro Guzzi qui ont poussé le concept encore plus loin et se sont mis à faire de la techno avec un simple trio guitare, basse , batterie.
Depuis la sortie de leur premier album sur le label Macro il y a 8 ans, ce trio formé par Bernhard Breuer, Bernhard Hammer et Jakob Schneidewind s’est joué des conventions, des procédures techniques et des préjugés du genre techno pour se frayer leur propre chemin à travers champ, loin des autoroutes mainstream.
Après l’EP Parade sorti en 2017, le trio viennois signe une nouvelle sortie sur le label Denovali avec “Polybrass” qui illustre une nouvelle fois leur approche instrumentale si sophistiquée.
Encore une fois ils se passent allègrement d’ordinateurs ou de sampleurs pour privilégier un enregistrement en live. Et cette fois c’est accompagné de pointures de trombonistes qu’ils veulent nous faire danser, avec rien de moins que Daniel Rigler, Hilary Jeffrey et Martin Ptak, qui sont aussi connus pour leur travaux solos que pour leurs collaborations avec The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble, ou encore les groupes Sand ou Zeitkratzer…
Elektro Guzzi déforme parfois la nature sonore du trombone pour le transformer en synthétiseur modulaire, avec chaque instrument représentant un oscillateur différent.
Les morceaux prennent ainsi la forme de constructions complexes, qui trouvent souvent une expression explosive et à couper le souffle à mesure que les morceaux se déroulent.
Sachant se faire aussi contemplatifs que entraînants, ces morceaux ont ce côté très germanique et racé renforcé par la classe et la théâtralité des cuivres
Aussi passionnant et subtil qu’à l’accoutumée, Polybrass est encore une réussite pour les viennois d’Elektro Guzzi.
