Planningtorock c’est l’alias de Jam Rostron, un projet musical qui a toujours eu une qualité thérapeutique pour son démiurge, comme il le chante dans ce nouvel album Powerhouse que je vous présente aujourd’hui : “I knew music was my way out/A way to learn and understand my life” ( Je savais que la musique était ma façon de m’en sortir, une façon d’apprendre et de comprendre ma vie ). Son electropop racée d’avant-garde lui a donc permis d’illustrer son identité musicale et personnelle et semble t’il d’exorciser quelques démons.
Le titre de son premier album en 2006, Have it All, donnait déja un indice sur le côté non-binaire de sa musique qu’il a ensuite exprimé plus avant sur l’album All Love’s Legal en 2014. Ce premier album représentait la mise en oeuvre de son évasion de la ville de Bolton en Angleterre vers la terre promise culturelle que représente Berlin, et pendant longtemps on pensait qu’elle ne se retournerait jamais pour regarder derrière son épaule et c’est pourtant ce qu’elle fait avec ce nouvel album Powerhouse.
En faisant la paix avec son passé, Jam Rostron trouve une force au sein de chansons qui célèbrent sa famille et le potentiel qu’à la musique de transformer les gens, de les connecter et même de les guérir.
Musicalement, il reprend là où l’album All Love’s Legal nous avait laissés, associant des rythmes et synthés plein de relief à un chant transformé par les effets.
Mais là où le précédent album nous proposait des manifestes engagés, Powerhouse donne à voir les choses de façon si riche et authentique qu’il amène facilement à l’identification de la part de l’auditeur. Ainsi lorsqu’il chante “I’m a lot More” lors de sa collaboration avec Olof Dreijer sur le morceau “Much to Touch” , cela parlera à quiconque s’est senti jugé comme trop collant ou trop en demande d’attention par la personne dont il est épris.
Et à mesure que Jam Rostron inonde chaque seconde de son album avec vie, émotion et sensualité, son engagement à rendre sa musique étrange et queer reste pour autant tout à fait entier.
Ainsi les rythmiques glissent, s’interrompent et groove d’une façon qui emprunte autant au club qu’à la musique avant-gardiste sur des morceaux comme “Jam of Finland” ou encore “Non Binary Femme”, plus dansants que les autres et qui se complémentent en proposant des approches différentes du rythme.
Son attachement au mouvement nourrit la convalescence émotionnelle que représente l’album Powerhouse, que ce soit quand il embrasse des douleurs passées comme si elles étaient de vieilles amies sur le morceau ”Wounds”, ou quand le pardon coule comme des larmes dans sa voix sur le morceau “Dear Brother”.
Heureusement il y a également beaucoup de plaisir à trouver également dans l’album, notamment lorsqu’il célèbre la famille sur le morceau qui a donné son nom à l’album ou sur Beulah Loves Dancing, mais aussi sur un autre registre avec le morceau ”Transome” qui est peut-être son morceau le plus sexy à ce jour, et une célébration de la transexualité et du sexe-appeal non-binaire.
C’est en tout cas un album qui surprend de prime abord puis se révèle au fil des écoutes pour ne plus vous lâcher, et si j’utilise cette formule un peu tarte à la crème de la chronique musicale, cela ne s’est jamais avéré aussi vrai que pour ce nouvel album de Planningtorock.