Cela fait presque 3 ans que les Heliocentrics ont sorti leur incroyable album A World of Masks et leur bande originale pour le documentaire The Sunshine Makers sur la contre-culutre américaine de la drogue dans les années 60. Le batteur Malcolm Catto et le bassiste Jake Ferguson, les producteurs du groupe, ont atteint de nouveaux sommets avec ces deux sorties, en forgeant une esthétique qui explore de nombreuses traditions indo-asiatiques, mais aussi la musique à l’image, une forme fracturée de funk des années 70, le jazz le plus porté sur le rythme et j’en passe pour les appliquer à des expérimentations sonores soigneusement tissées.
Ils ont réalisé depuis longtemps que le tumulte et la fébrilité du groupe était le mode de fonctionnement qui leur correspondait le mieux. Ils ont ainsi réussi à proposer un éventail de genres hybrides, de techniques de production, d’effets subtils mais efficaces, et de grooves irrésistibles.
The Infinity of Now est le premier album de the Heliocentrics pour le label Madlib Invazion, du génial producteur Madlib. La chanteuse Barbora Patkova y revient comme pièce maîtresse vocale et comme membre à part entière et apparaît sur la plupart des morceaux,
dont le single bien barré “Burning Wooden Ship” sur lequel Malcolm Catto pose un breakbeat funky, tandis qu’un synthé analogique offre un bip bip métronomique,que la guitare de Dan Smith offre, elle, des accords ouverts et que la basse propose une ligne Krautrock, avant que le morceau ne s’égare en un chaos persistant.
Le morceau “Venom” propose quant à lui une mélodie qui serpente encadrée langoureusement par la section rythmique, une guitare bluesy légèrement saturée, et la voix de Barbora Patkova qui se fait majestueuse sur le pont, avant que le quartet ne se défie au sein d’un funk broken beat associé à un psychédelisme nocturne.
Ensuite “Elephant Walk” devient le terrain de jeu des saxophonistes Jason Yarde et Colin Webster, le premier en baryton, le deuxième en alto, soufflant librement au sein d’une section de basse qui illustrerait parfaitement la panthère rose qui arrive à tâtons le long d’un mur, appuyé par un orgue acide.
“Hanging by a thread” propose quant à lui une ambiance afrobeat qui associe des rythmes afro-latins à une guitare psyché-blues et à une basse plus funky qui se promène le long d’une pulsation d’orgue vaporeux.
“People In The Dark” est le morceau le plus long de l’album avec près de 10 minutes et aussi le plus trippé avec le banjo indien plein de fuzz de Jack Iglesias, une ligne de basse dub et doom à la fois, des sirènes, une flute, les cordes de Raven Bush et le chant aérien de Borbora Patkova qui exécutent ensemble une mélodie qui refuse de s’ancrer pour de bon.
Le son polyvalent et texturé des Heliocentrics est véritablement leur marque de fabrique à présent et ce nouvel album Infinity of Now est le plus aventureux, discipliné et concentré de leur discographie. Sa vision sombre et ténébreuse est complètement différente et à la fois plus avant-gardiste que ce qu’ils ont pu produire jusqu’ici.
https://theheliocentrics.bandcamp.com/