Après plusieurs décennies à façonner les plus gros succès britanniques du début du 21ème siècle, le musicien Paul Epworth se lance en solo avec un premier album en forme de voyage interstellaire qu’il a intitulé Voyager.
Contrairement à ce qu’il a pu faire avec la pop d’Adele, de Florence + the Machine, Coldplay ou encore Block Party, cet album baigne dans l’électronique et convoque des invités du monde du hip hop et du R&B.
Cet exercice à la croisée des genres trouve son inspiration dans la soul 70’s autant que dans les paysages synthétiques de Jean-Michel Jarre ou Wendy Carlos, et sonne comme une merveilleuse dose de nostalgie du futur.
Aussi imaginatif qu’atmosphérique, son expérience d’écoute est encore meilleure au casque et d’un seul trait
Si vous écoutez cet album dans le désordre certains morceaux vous donneront l’impression de finir de façon abrupte ou d’être incomplets car certaines sonorités se prolongent d’une track à l’autre.
Oui c’est vraiment un trip mental qui vous fait tantôt flotter en apesanteur, tantôt danser de la tête.
En dehors de l’exploration électronique et jazzy du morceau instrumental qui a donné son nom à l’album, celui-ci a été l’occasion pour Paul Epworth d’inviter pléthore de stars, qui brillent d’une nouvelle lueur sur ce matériau électronique loin de leur environnement musical habituel.
Vince Staples nous propose par exemple un couplet fascinant sur le premier morceau “Mars & Venus”, tandis que Ty Dolla $ign y va d’une touche plus subtile et hantée sur le très hypnotique morceau “Cosmos” qui sonne comme une collaboration très réussie entre Frank Ocean et Travis Scott.
Le MC Kool Keith vient prêcher sur le morceau “Distant Planets” par dessus des synthés de G-funk martienne et qui finit sur un Gospel féminin des plus fabuleux, composé des chanteuses Bibi Bourelly et Lianne La Havas.
Mais tandis que ce name-dropping donne un peu de clinquant et de crédibilité à l’album, c’est finalement les moins connus qui se taillent la part du lion, avec le rappeur Ishmael et la chanteuse Elle Yaya, qui de par leur nombreuses contributions et leur performance sur “Mars & Venus” et “Binaural Trip” volent la vedette à tous les autres.
Et sur le morceau “Hyperspace”, la funk boom-bap de “Of Space Inc” et le plus trippé “Where Do We Come From” Paul Epworth les laisse carrément prendre toute la place et toute la lumière.
Aussi agréablement perché que ce premier album puisse paraître, sa pro duction sans faille, ses collaborations artistiques et son décor cosmique en font un joyau sonore à côté duquel il ne faut absolument pas passer en cette rentrée.
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