La musique de Travis Stewart a lentement mué en une forme de pop électronique futuriste pendant toutes les années 2010, particulièrement avec ses productions pour Dawn Richard et Azelia Banks ainsi qu’avec sa collaboration avec Jimmy Edgar sous le nom JETS.
Et le revoici sous le nom de Machinedrum quatre ans après son album Human Energy, avec une musique moins hyperkinetique et sucrée que sur ce précédent opus, mais tout aussi inventive et finalement plus solide dans son ensemble.
Tandis que sa musique a toujours mélangé des éléments de genres musicaux multiples et de scènes régionales de musique électroniques dansantes, la drum’n’bass et le hip hop semblent être les fils directeurs de ce nouvel album.
C'est comme un retour aux sources pour Machinedrum tout en créant quelque chose de nouveau cette fois encore.
Il y a aussi moins de manipulation sonore des voix, sans aucun des samples R&B pitch-shiftés qui ont fait le piment des morceaux club des années 2010. Les morceaux contiennent généralement des textures riches d’ersatz de harpes et de mélodies tourbillonnantes autant que de rythmiques complexes, produisant un effet de l’ordre du fantastique ou extra-terrestre que le titre de l’album A view of you reflète parfaitement en terme d’expérience extra-corporelle.
Mais le “u” du titre de l’album fait référence au “u” de l’univers, et Travis Stewart relie son travail de création à ses exercices de méditation, lorsque le temps semble s’arrêter au point d’oublier qui il est.
Pourtant même s’il y a des synthés rêveurs, c’est quand même plus agité qu’une séance de yoga.
On passe alors des rythmiques footwork et chant onirique de Rochelle Jordan sur le premier morceau “The Relic” au hip hop du morceau Kane train où le rap de Freddie Gibs est souligné par une section rythmiques percutante et des détails sonores atmosphériques.
“Sleepy Pietro” est un morceau plus expérimental, avec le piano de Tigran Hamasyan qui nous offre des mélodies scintillantes sur une rythmique qui passe d’un kick 4/4 house à une rythmique drum&bass plus sautillante et agitée.
D’autres sortilèges rythmiques sont à l’oeuvre sur des morceaux comme “Believe in U”, un banger hip hop qui parvient à se faufiler au milieu de breaks jungles à haute vitesse et d’une guitare rêveuse.
Le très aventureux producteur de drum’n’bass Sub Focus a été invité par Machinedrum sur le morceau “1000 Miles”, qui ponctue une étendue glacée de pianos éthérés et de chants angéliques par des breaks explosifs.
L’album se conclut sur le morceau”Ur2yung”, et son beatmaking filtré rendu doux-amer par l’utilisation de samples vocaux fantômatiques.
https://machinedrum.bandcamp.com/