Après avoir évoqué les sentiments qui succèdent à une peine de coeur sur l’album Since I Left You” et composé la bande son d’un été en caravane à travers leur Australie natale sur l’album Wildflower, The Avalanches sont partis dans l’espace pour leur troisième album We Will Always Love You.
Plus précisément, Robbie Chater et Toni Di Blasi se sont pris de passion et ont été fasciné par le disque d’or, un disque en or au sens propre, parti à bord des deux sondes spatiales Voyager de la NASA en 77. Celui-ci s’intitulait The Sounds of Earth et a été lâché dans l’espace telle une bouteille à la mer interstellaire, destinée à d’éventuels extra-terrestres. Il dressait un portrait de la diversité de la vie et de la culture terrestre : photographies de la terre, d'humains, de la nature, enregistrements sonores de bruits du vent, du tonnerre, d'animaux, de cris de nourrisson, d'extraits de textes littéraires et de musique classique et moderne.
Le duo avait d’ailleurs comme projet d’obtenir la contribution orale de la directrice de création de ce disque d’or Ann Druyan mais celui-ci est tombé à l’eau même si elle apparaît sur la pochette de l’album.
L’histoire du disque d’or de Voyager raconte même que les ondes cérébrales d’Ann Druyan avaient été enregistrées alors qu’elle pensait à Carl Sagan, avec qui elle travaillait sur le projet et dont elle était tombée amoureuse pendant sa réalisation.
Et c’est cette histoire d’amour cosmique, telle que Robbie Chater la décrit, qui a guidé le duo lors de la composition de l’album We Will Always Love You. Un nouveau disque en forme de montagnes russes émotionnelles et le plus long du groupe à ce jour avec sa vingtaine de morceaux et encore davantage d’invités que sur l’album Wildflower, et des centaines de samples en tous genres.
Il y a de fortes connections avec le voyage précédent du groupe lorsqu’on entend la pop kaleidoscopique du morceau”Running Red Lights” emmenée par Rivers Cuomo de Weezer, mais on retrouve aussi ce lien au précédent album à l’écoute de la poursuite romantique menée par Pink Siifu qui remixe les paroles que David Berman avait écrites sur l’album Wildflower.
Cola Boyy et Mick Jones des Clash rendent hommage à Karen Carpenter du groupe Carpenters depuis un vaisseau interplanétaire Indie Disco sur le titre “We Go On”. Perry Farrell du groupe Jane’s Addiction, est soutenu par une chorale spectrale tandis qu’il fait son shaman guérisseur musical en chantant l’amour et la lumière sur un autre groove tout aussi dansant.
Le meilleur moment de l’album est sans doute lorsqu’on entend le chant chaud et rassérénant de Leon Bridges fusionner avec une boucle du classique soft-rock ”Eye in the Sky” de the Alan Parson’s Project qui parle pourtant de surveillance à la Big Brother, sur le titre “Interstellar Love” . Et pour trouver le morceau le plus dansant, il faut chercher du côté de “The Divine Chord” qui réunit MGMT et Johnny Marr de The Smiths et qui rappelle le tourbillon coloré du tube mémorable de The Avalanches “Since I left You”.
Le duo laisse aussi de la place à des artistes dont les débuts ont eu assez de retentissement pour pouvoir se mesurer aux autres pointures qui parsèment l’album
Oui des pointures parmi lesquelles on peut également compter Sananda Maitreya que vous avez sûrement mieux connu sous le nom de Terence Trent D’Arby pour les moins jeunes d’entre vous, mais aussi Tricky et Neneh Cherry qui appelle à l’unité sur le morceau “Wherever You Go” qu’on vient d’écouter avec une musique qui lorgne du côté de la house de Chicago et du post-dubstep anglais sûrement grâce à la participation de Jamie XX.
Autant d’artistes qui se sont mis au service de la vision de The Avalanches pour cet album dont on ressent la grande liberté, ou du moins un affranchissement complet de quelconques attentes ou contraintes commerciales résultant d’un voyage fort captivant et ambitieux.