Neil Frances annonce la couleur dès le titre de son premier album “There is no Neil Frances”, car derrière ce nom officie un duo issu de la collaboration musicale entre Jordan Feller et Marc Gilfry, qui nous offre ici un parcours homogène de 40 minutes de morceaux de synth pop variés relativement calibrés mais assez efficaces pour les dancefloors ensoleilés. Bien que le ton de l'album soit plutôt authentique et romantique, les paroles parfois ironiques rappellent qu’avec ce projet Neil Frances, le duo ne prend pas la dance music plus au sérieux qu'on ne devrait le faire.
Le duo avait commencé à se faire connaître et apprécier avec leur EP Took a While de 2018 et de singles tels que "Music Sounds Better with You", et il avait même envisagé sa carrière musicale sans faire d'album du tout.
Effectivement et on peut entendre cette hésitation assez clairement dès la première écoute de l’album There is No Neil Frances, comme si on avait affaire à une session de studio envisageant différentes humeurs de morceaux les avait poussé à les réunir en une seule collection. Le producteur Jordan Feller joue avec différentes intensité de danse tout au long du disque, incluant toutes les influences musicales de Neil Frances, de la disco des seventies à la house moderne.
Le sampling est plutot malin et bien amené sur l'album avec par exemple le morceau "in the starlight" qui comporte une version revisitée du classique de Patrice Rushen "Remind Me", tandis que le titre "every day with you" sample pour sa part "Open Your Eyes", un tube de Bobby Caldwell datant de 1980. Et si ce premier exemple ne reprend que la voix originale de Patrice Rushen et constitue un interlude comme pour célébrer l'icône R&B, le second titre associe en revanche la voix de Bobby Caldwell et de Marc Gilfry, le chanteur de ce projet, avec quelques choristes pour une toute nouvelle version de la mélodie samplée, qui associe des voix aériennes et à la production modernes à un style plus old school.
Mais au delà de sampler des pointures, le duo s’offre également une paire de featurings savoureux avec Benny Sings et Grae.
Et alors que les membres de Neil Frances peuvent sembler relativement insouciant dans leurs paroles, le concept derrière l’album There is No Neil Frances est plus délibéré et réfléchi qu’il n’y paraît de prime abord.
Par exemple, les titres de chaque morceau se lisent vers le bas comme un poème, chaque phrase étant ponctuée pour en faciliter la lecture:
L'album commence par personnifier et encourager un "petit battement de cœur", puis se termine sur une proposition plutôt énigmatique et poétique : "nous tombons/ comme des anges bleus électriques". Et au milieu Neil Frances implique l'auditeur dans son poème afin de lui rappeler pourquoi le groupe crée de la musique de danse en premier lieu ; "I just want you to/ be free".
https://neilfrances.bandcamp.com/album/there-is-no-neil-frances
Dans l'ensemble, le sens très ouvert des paroles de l’album, souvent assez obscur semble donner priorité à la musicalité sur le sens, encourageant les auditeurs à trouver leur rythme dans l'album et à danser, sans se prendre la tête.