En 2017, les King Gizzard & the Lizard Wizard se sont lancés sur la composition d’un album au concept particulièrement difficile, pourtant d’apparence moins ambitieux que lorsqu’ils ont construit leurs propres instruments pour jouer de la musique microtonale ou que lorsqu’ils ont fait un album où tous les morceaux étaient composés pour se fondre les uns dans les autres dans des transitions parfaites.

Au lieu de cela, le groupe avait trouvé une progression d'accords qui lui plaisait et a écrit des morceaux avec différentes ambiances et instrumentations, dans le but de les assembler en une sorte de cycle de morceaux possédant la même colonne vertébrale.

Le projet a capoté lorsque les résultats n'ont pas été à la hauteur des exigences du groupe. Ils n'ont cependant jamais abandonné l'idée et y sont revenus à plusieurs reprises au fil des ans, enrichissant leur vocabulaire musical au fur et à mesure qu'ils évoluaient et adoptaient de plus en plus de styles différents. Finalement, ils ont réussi à le terminer cette année et l'ont publié sous le nom tout trouvé de Changes.

Il faut commencer par dire que le fait qu'il n'y ait qu'une seule progression d'accords employée ne rend pas du tout son écoute redondante, car si vous avez un tant soit peu suivi la carrière prolifique du groupe, ce sont de véritables virtuoses tout à fait capables de relever ce défi. Le morceau d'ouverture "Change" annonce la couleur de l'approche très ouverte de l'album, puisqu'il associe tour à tour des ambiances de jazz cool avec des rimes façon hip-hop, des grooves de Motorik avec des chants hypnotiques, et des synthés majestueux avec un final de rock saturé conquérant.

C'est une sacrée entrée en matière atteignant presque le quart d’heure à elle toute seule et le reste fait de son mieux pour suivre le mouvement, passant d'un funk jazz décontracté avec des synthétiseurs vrombissants, des flûtes duveteuses et des passages de basse slappée sur le titre "Astroturf" à une pop synthétique intense avec le morceau "Gondi", à une ballade soul nocturne sur "Exploding Suns" et à la pop 80’s de "Hate Dancin'", un des rares morceaux de l’ensemble qui pourrait inciter à danser d’ailleurs.

Tout cela sonne très King Gizzard, en ce qu'il s'agit d'une musique pop inventive, excitante et presque étourdissante. Le titre "Short Change", qui clôt l'album, est un bon exemple de titre à l’accroche typiquement géante, qui convaincra d’emblée leurs fans, et qui se retrouve très vite débordant de synthés bizarres, de solos de guitare jazz-rock cinglants et d'un mixage surchargé pour un résultat aussi étrange que pourtant familier. King Gizzard ne déçoivent jamais et même lorsque leurs concepts sont modestes, ils nous livrent une pop/rock/funk/soul/prog, et j’en passe, psychédélique, sous son meilleur jour.

https://kinggizzard.bandcamp.com/album/changes

 

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