En ce début de mois, le groupe australien Babe Rainbow a dévoilé Slipper imp and shakaerator, un album qui marque un retour aux sources tout en explorant de nouvelles dimensions sonores. Publié sous le label p(doom) Records, affilié à King Gizzard & The Lizard Wizard, Babe Rainbow signe ici un retour aussi libre que lumineux. Pour ce septième album, le trio australien plonge à nouveau dans ses racines psyché, tout en poussant plus loin encore l’exploration sensorielle. Enregistré dans un entrepôt situé sur une ancienne plantation de bananes à Byron Bay, ce disque est avant tout une expérience : 40 minutes de rêverie diluée dans le groove, les couleurs et le flou.
Dès les premières secondes de "What is ashwagandha" qu’on vient d’écouter, le ton est donné : voix flottante, ligne de basse cotonneuse, paysages sonores mouvants… Babe Rainbow installe une ambiance où les contours s’estompent, entre nature et hallucination douce. On entre ici dans un monde suspendu, où chaque instrument semble respirer à son rythme. La voix d’Angus Dowling, toujours aussi singulière, agit comme un guide à travers ces paysages intérieurs.
Slipper imp and shakaerator s’écoute comme un voyage initiatique au ralenti. Sur "LONG LIVE THE WILDERNESS", la mélancolie se dissout dans des effluves sucrées, guitare électrique et piano s’entrelacent autour d’un mantra simple : « Tu vis ta vie trop vite. Fais une pause. » Le message est clair : l’album invite au lâcher-prise, à la décélération, à une forme de pleine conscience joyeuse.
Les morceaux les plus marquants ne cherchent pas à impressionner, ils caressent, surprennent, s’évaporent. "Apollonia", baigné de teintes sépia, entremêle guitare dissonante et synthés venus d’une autre dimension. "Sunday" et "Rainbows end" assument pleinement leur folie douce, enchaînant grooves funky et voix en spirale. Mention spéciale à "Like Cleopatra", une perle pop groovy au charme rétro, qui réinvente la funk des 80s avec un filtre psychédélique du plus bel effet.
Plus loin, "When the milk flows" secoue doucement l’ensemble avec ses percussions bondissantes et ses vocaux trafiqués façon Daft Punk en vacances. Et puis vient le final, "re-ju-ven-ate", qui referme cette parenthèse enchantée comme on souffle sur un mobile suspendu : dans un souffle léger, granuleux, presque enfantin.
En fin de compte, Slipper imp and shakaerator n’est pas un simple album, c’est un état d’esprit. Babe Rainbow réussit à créer un cocon sonore où tout semble plus doux, plus lent, plus coloré. Une bulle hors du temps, parfaite pour oublier un instant le réel et plonger dans un arc-en-ciel mouvant. Leur disque le plus aérien, le plus libre – et peut-être le plus touchant.