Pendant les 5 ans qui ont suivi l’album Shields, la vie des membres de Grizzly Bear a connu des hauts et des bas avec son lot de mariages, d’enfants mais aussi de divorces mais leur musique, elle reste toujours aussi mélancoliquement lumineuse et intemporelle sur leur nouvel album Painted Ruins. Cet album débute par le prologue élégiaque “Wasted Acres” qui les voit revenir à cette pop de chambre qui leur va si bien et se clôt sur “Sky Took Hold” dirigée par une basse qui vous emporte avec son chagrin.
En cours de route, le groupe revisite sa musique avec de nouvelles perspectives, changeant quelques éléments ça et là mais restant définitivement les Grizzly Bear qu’on aime. Les morceaux “Aquarian” et “Cut-out” empruntent à l’album Shields son côté insulaire en examinant des questions existentielles auxquelles nul ne saurait trouver de réponse, tandis que les belles harmonies et le clavecin du morceau “Neighbors” tire davantage ses racines de l’album Yellow House. Ailleurs, le groupe prolonge la beauté et le côté redoutablement poignant de l’album Veckatimest avec les morceaux “Losing All Sense” et “Cut Out”.
Tout au long de l’album Painting Ruins, les splendides arrangements invitent à la contemplation tandis qu’ils servent de luxueux carrosse à des thèmes et paroles équivoques, qui alternent introspections équivoques et éclairs de lucidité. Grizzly Bear domptent le chaos de notre décennie plus subtilement que leurs contemporains, avec une profondeur politique et personnelle sur des titres comme “Four Cypresses”, dont la furtive tension est révélée par des instruments à cordes et des rythmiques martiales et qui est d’autant plus intrigante qu’elle n'apparaît justement pas évidente. Grizzly Bear n’ont rien perdu de leur inspiration, de leur orfèvrerie instrumentale et de leur maîtrise vocale sur leur nouvel album Painted Ruins et il vous faudra plusieurs écoutes pour en découvrir toutes les facettes, et croyez-moi que si vous êtes déjà fan, vous ne saurez pas vous en lasser.
