Avec leur esthétique à la fois rétro analogique et post-dubstep, les anglais de Mount Kimbie font le trait d’union entre la musique électronique atmosphérique arty et l’ouverture que représente la musique pop, une signature qu’ils ont entretenu depuis l’album Crooks & Lovers de 2010 et qu’ils se sont attaché à parfaire sur ce nouvel album “Love What Survives”. Le duo formé par Dominic Maker et Kai Campos nous offre à écouter un album à l’humeur maussade, plein de dégradés de gris que seules les rythmiques parviennent à réchauffer.
Leur inspiration et leur force créatrice semble s’épanouir dans ce qu’il débarrassent de leur musique bien davantage que dans ce qu’il y ajoutent. Mais si les morceaux instrumentaux sont prédominants, l’album offre cependant un bon équilibre avec ceux qui offrent des participations vocales.
C’est cette alternance savamment dosée qui fait de Love What Survive une expérience quasi cinématographique. Au casting de ce film (entre guillemets), vous pourrez retrouver la gouaille rauque du rouquin King Krule sur le titre “Blue Train Lines” aux accents post punk, Andrea Balency sur le morceau plus lo-fi “You Look Certain (I’m Not So Sure)” , Mica Levi du groupe Micachu sur le morceau “Marylin” soutenue par une basse flottante et des cloches sourdes qu’on dirait jouées comme une harpe ou une Kora.
Ils se jouent également de la récurrente comparaison avec James Blake en l’invitant à donner toute l’âme soul de ses incroyables capacités vocales sur le morceau We Go Home Together, et son supplément de sacré apporté par un orgue d’église très à propos. L’art de Mount Kimbie s’épanouit dans l’économie du geste, point de dispendieux ou de baroque ici, juste l’essentiel pour faire naître les émotions à l’état brut, ce qui leur donne toute leur force.