Le trio biélorusse de coldwave Molchat Doma a connu une année décisive en 2020, lorsque ses deux premiers albums ont été réédités par le label Sacred Bones et que son morceau "Sudno (Boris Ryzhy)" est devenu un succès surprise grâce aux réseaux sociaux.
Les pauvres devaient faire leur première tournée nord-américaine lorsque la pandémie de COVID-19 a frappé, les obligeant à rester à Minsk, leur ville natale, et à finir de travailler sur leur troisième album.
Oui et tout comme leur deuxième album Etazhi était un pas en avant par rapport au premier album sombre S Krysh Nashikh Domov, que ce soit en terme de qualité d'enregistrement que de songwriting, ce nouvel album Monument sonne beaucoup plus brillant et peaufiné, et contient certains de leurs titres les plus accrocheurs à ce jour. Il est également plus dansant que leurs précédents disques. Car si l’album Etazhi flirtait avec la funk new wave sombre et proposait un morceau qui désignait la danse comme le meilleur échappatoire à ses emmerdes, les meilleurs morceaux de Monument vont plus loin dans cette veine.
L'album s'ouvre sur le morceau "Utonut", un morceau disco froid et théatral avec une programmation de batterie chargée et des mélodies de synthétiseur scintillantes mais tristes. Plus loin le titre "Discoteque", propose de danser sans retenue et sans se soucier du lendemain. Après un pont instrumental vibrant avec une once de vocodeur, le morceau monte d’un cran lors du refrain final devenant presque un autre morceau. Une version améliorée de leur single "Zvezdy" de 2019 prend le relai, passant d'une qualité sonore brute, semblable à celle d'une démo, à une production plus claire, moins saturée de reverb, et avec un chant plus émotionnel du chanteur principal Egor Shkutko.
La sophistication nocturne de "Ne Smeshno" (avec son refrain amer et ethylique) et de "Leningradskiy Blues" dont les guitares sont les plus obsédantes de l'album, se rapproche un peu plus du groupe Japan de David Sylvian. Comme pour les précédents albums de Molchat Doma, la poésie russe des paroles du chanteur Egor Shkutko décrit parfaitement le désenchantement et le vide, tandis que leur musique illustre brillamment ce découragement de façon fougueuse et pleine d’assurance.