On peut dire que la route aura été longue jusqu'au premier LP d'Obongjayar, le rappeur anglo-nigérian, alias Steven Umoh, a sorti trois EPs depuis l’EP Home en 2016 et une poignée de collaborations avec des artistes comme Little Simz, Pa Salieu et Danny Brown - chacun affinant sa voix rauque si particulière.
La présence de Steven Umoh sur scène, en grande partie torse nu, couplée à cette formidable voix, sert généralement à créer un sentiment de bravade. Mais sur son premier album Some Nights I Dream of Doors, Il affiche un nouveau côté plus intime. En abandonnant sa voix de baryton rauque au profit d'une voix chuchotée sur le morceau d'ouverture Try, Steven Umoh donne le ton pour le reste de l'album : soit une confession tendre sur la découverte de soi, accompagnée d'accroche mélodiques et d'une production électronique.
Alors que le single Message in a Hammer nous présente Steven Umoh en terrain connu, affichant son machisme sur une ligne de basse percutante, c'est dans des moments plus doux comme Wrong for It ou New Man, interprétés par Nubya Garcia, que Steven Umoh montre sa maturité émotionnelle. Sur le premier, il tisse son falsetto autour du saxophone synthétisé de Nubya Garcia, tandis que New Man le voit faire le crooner sur un instrumental trap pour s'interroger sur le contrôle qu'il exerce sur sa propre identité.
Cette remise en question est présente tout au long de l'album, de l'afrobeats de Tinko Tinko (Don't Play Me for a Fool) à la chanson nostalgique façon James Blake, I Wish It Was Me. C'est une posture vulnérable qui témoigne du temps que Steven Umoh a pris pour réfléchir à la musique de ce disque. Plutôt que de se précipiter sur ce qu'on aurait pu attendre de ses débuts, Steven Umoh avec son projet Obongjayar affiche la marque d'un artiste qui prend de l'assurance : avec la capacité d'essayer quelque chose qui l’expose et comporte un certain risque. Un défi qu’il relève haut la main.