Décrit par Anthony Gonzalez comme l'un de ses travaux les plus personnels, l’album Fantasy capture en effet tout ce qui fait la force de la musique de son projet M83 : un amour maximal et inconditionnel pour les rêves qui partent en vrille.
Il a sans doute évité de faire quelque chose d'aussi réjouissant que Hurry Up, We're Dreaming dans les années qui ont suivi la sortie de ce double album, mais les rêveries de ce nouvel album Fantasy révèlent qu'il n'a rien perdu de son talent à créer des mondes sonores monumentaux.
A partir d'une guitare acoustique, un instrument qui n'est pas habituellement associé à la fusion de synth pop et de shoegaze de M83, l'étendue confiante des synthés et des cordes du titre "Water Deep" semble tout aussi adaptée à une bande originale de film blockbuster qu'à une déclaration musicale tout aussi efficace de la propre création d’Anthony Gonzalez.
Sur le titre "Kool Nuit", qui ressemble à une suite de ce premier morceau, l'ambiance passe d'une contemplation crépusculaire agrémentée de harpe, de cordes et de synthés analogiques flottants à des coulées électroniques qui se développent jusqu'à un point culminant particulièrement dramatique, même pour M83.
Anthony Gonzalez sait toujours aussi bien exploiter ces énormes sonorités pour un impact émotionnel maximal.
Il est difficile de ne pas le suivre au-delà de l'aventure sur les crêtes brillantes du synth-rock psychédélique de "Oceans Niagara" ou de ne pas se perdre dans la romance de "Us and the Rest", qui ressemble à un coucher de soleil. Et, comme toujours, son talent inouï pour utiliser ce qui pourrait être un cliché en d'autres mains de façon émouvante et pleine de sens est toujours à l'oeuvre sur le titre "Laura".
Anthony Gonzalez a tenu à s'occuper de la plupart des voix de l'album, réaffirmant qu'en dépit d'un son massif, Fantasy lui tient à cœur. M83 a toujours excellé dans l'exploitation de la nostalgie pour trouver des joyaux de pop, et sur "Amnesia" - l'un des quelques moments qui rappellent l’artisanat de composition exaltant des albums Saturdays = Youth ou Hurry Up, We're Dreaming, il ajoute des allusions à ses projets des années 2000 aux échos affectueux des années 1980 et 1990 qui constituent les racines de sa musique.
Il s'inspire également de l'innocence gorgée d’espoir de l’album Before the Dawn Heals Us et de ses jeux de synthétiseurs et de guitares, qui brillent tous deux sur les titres "Sunny Boy" et "Deceiver". Fidèle à son nom, l’album Fantasy n'est pas pour les sceptiques dans la retenue, Anthony Gonzalez exige que vous plongiez avec lui, et je pense que beaucoup de fans seront heureux de faire le grand saut.
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