Le néo-zelandais Ruban Nielson n'a jamais eu l'intention de se fixer sur un seul et unique style pour l’identité musicale de son projet Unknown Mortal Orchestra qui évolue au fil des albums, si ce n’est au fil des morceaux.

Le groupe a émergé au début des années 2010 comme un groupe de rock indépendant néo-psychédélique avec des touches de garage dans sa production confectionnée en home studio, mais rapidement Ruban Nielson et ses collaborateurs se sont aventurés ailleurs pour autant explorer la funk onirique que les reconfigurations du soft rock des années 70, le hard rock dramatique, l'électronique expérimentale et j’en passe.

Leur cinquième album (qui est aussi leur premier double album) s’intitule sobrement V en chiffre romain et comprend tous ces sons et même plus, changeant parfois de style au milieu d'un morceau avant de passer à une autre inspiration au moment où le titre suivant commence.

Il a été enregistré sur plusieurs années dans les climats tropicaux de Palm Springs et d'Hawaï, l’album V est soutenu par des sons influencés par l'environnement dans lequel il a été créé.

En dehors des morceaux aux accents légers intitulés "The Garden", "The Beach" ou "Keaukaha" (le nom d'un quartier de Hilo, à Hawaï, où Ruban Nielson a travaillé sur l'album), des titres comme "Weekend Run", particulièrement décontracté, s'inspirent des stars de la pop des radios AM américaines des années 70 et 80, telles que Christopher Cross ou Poco, avec des harmonies vocales douces et sucrées et des refrains enchanteurs qui sont associés à des couplets funk électriques.
Le titre "Meshuggah" associe un rythme disco agressif à des accords de guitare doux et vagabonds, offrant un autre angle d'attaque de la musique balnéaire et ensoleillée d’Unknown Mortal Orchestra. Puis "Guilty Pleasures" utilise une programmation de batterie légèrement glitch dans un arrangement par ailleurs simple pour créer une sorte d’agréable confusion. Les multiples pistes instrumentales de l’album V servent de touche reset entre les morceaux vocaux plus immédiats de Ruban Nielson.

Le long et tranquille "Shin Ramyun" et la balade du morceau de clôture "Drag" offrent des sons doux et discrets pendant que sont traités les sons acoustiques étranges et gonflés du plus dépouillé "I Killed Captain Cook" ou de l'éblouissant "Layla".

La même production lo-fi troublée autour de laquelle Unknown Mortal Orchestra construit son monde étrange et onirique depuis ses débuts est à l’oeuvre tout au long de V, mais le rythme patient, voire étendu, de l'album et ses accents insulaires en font l'une de leurs propositions les plus cohérentes.

Il est tout aussi facile pour l'auditeur de se laisser aller à la réflexion que d'être obsédé par les détails du patchwork et des couleurs étranges de cette musique, pour atteindre une expression plus profonde et plus réfléchie du type de beauté bizarre dans lequel le groupe excelle.

https://unknown-mortal-orchestra.bandcamp.com/album/v

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