Le groupe de rock boueux et rugueux revient après l’album Crawler, produit par Kenny Beats en 2021, à la recherche de dépassement tout au long des 40 minutes de leur cinquième album TANGK.
Des deux chanteurs du goupe Joe Talbot est sans doute le plus brutal, maniant ses mots comme des marteaux de forgeron. L'autre protagoniste de ce combat est le guitariste et dentiste Mark Bowen, qui manie des sons rarement entendus dans la musique pour guitare.
Ils suivent des chemins diamétralement opposés dans leur recherche sonore, alors que Mark Bowen tente de faire du groupe "le groupe hardcore le plus expérimental et le plus synthétisé de la planète", Joe Talbot les pousse vers la version la plus bruyante, la plus directe et parfois la plus évidente d'un groupe punk du 21ème siècle. En bref, Mark Bowen veut être un Radiohead hardcore et Joe Talbot est heureux d'être les Clash. Il s'agit désormais d'une stratégie bien rodée, et ils se sont lancés dans ce duel à de nombreuses reprises, et souvent avec beaucoup de succès.
TANGK est peut-être leur album le plus aventureux sur le plan sonore. Il est rempli de claviers, de guitares synthétisées et de lignes de basse lourdes qui donnent la chair de poule, et Kenny Beats reste le producteur parfait pour la version piétinée et lucide d'IDLES. Cependant, Nigel Godrich a travaillé avec Mark Bowen sur quelques-uns de ces titres, notamment le premier extrait "IDEA 01", qui reprend avec goût les meilleures textures du récent album solo de Thom Yorke, Anima. Le premier single, "Dancer", qu’on vient d’écouter, est une collaboration avec LCD Soundsystem qui apporte de l'énergie en allant droit au but, avec beaucoup de style.
C'est dans la seconde moitié de l'album que les expérimentations s'enchaînent. À l'exception du fulgurant "Hall & Oates", IDLES s'aventure sur de nouveaux terrains en cadence. La partie de batterie de "Grace" est joyeuse, robotique et inspirée. D'une certaine manière, il est plus facile de croire à la joie extatique sur les morceaux plus calmes et plus mijotés. La fin explosive de "Gratitude" rappelle certains des virages experimentaux les plus fous de Radiohead, la section rythmique maintenant un groove élastique alors que les guitares lofi et les synthés s'entrechoquent dans un crescendo totalement nouveau pour le groupe.
La première moitié du disque, plus directe, peut plaire à ceux qui veulent leur dose d'IDLES à l'ancienne, mais les écoutes répétées de la seconde moitié, plus élaborée, révèlent une complexité émotionnelle et une cohésion sonore qui ont longtemps échappé au groupe. On peut donc être confiants quant à la direction que prend IDLES.
https://idlesband.bandcamp.com/album/tangk