Beam voilà la bio de Daniel Johnston, texan de Californie, en reprenant les anecdotes habituelles bien marrantes sur sa voix de casserole abyssale, sa pathologie mentale (abyssale aussi), ses internements à répétition et son look de dépravé, mi Paul Gascoigne mi Carlos, toujours affublé d’un survêt.  
ça, c’est fait… 
 
Pas de méprise pourtant. L’influence de cet artiste-dessinateur-trublion-musicien sur la musique des vingt dernières années est colossale. Ses jadis petites productions piano-voix ou guitare-voix, tout seul dans le garage de sa maman sur son Sanyo monaural Boombox à 59$ ont tout bonnement donné naissance à un mouvement musical : le lo-fi. 
De Kurt Cobain à Tom Waits, en passant par Sonic Youth, plusieurs icones ont souligné l’importance de son coup de pied dans la marre. En 2005, au festival de Sundance, un documentaire consacré à sa vie, The Devil and Daniel Johnston, a été récompensé du prix du meilleur réalisateur, permettant sa découverte par le grand public. 

 

Aujourd’hui, et après pas moins de 16 albums studio (dont il dessine lui-même les pochettes au stylo-feutre), Daniel l’empêcheur de rester insensible revient nous délivrer une galette, accompagné cette fois-ci d’une bande hollandaise : le Beam Orchestra. 

 

Beam Me Up revisite neuf classiques de DJ, pour trois créations originales. L’esprit particulier est toujours là (l’intro a capella Sarah Drove Around In Her Car avorte tout embryon d’inquiétude), le cirque Pinder en plus. L’envie de fredonner ses airs guillerets et de couvrir de plaisir sa voix par la notre (pourtant bien moins joliment fausse) n’a pas régressée d’un poil. Parodique mais toujours dans l’esprit. 

 

Syrup of Tears ou Must illustrent parfaitement la capacité du bonhomme à provoquer la jovialité spontanée au couvert de textes d’une noirceur (presque) dérangeante. Mentions spéciales également à Walking the Cow qui ferait se réveiller et danser sur le comptoir un professeur de comptabilité né en 1867 (a priori mort à l’heure donc ; comme les Beatles) et à Love Enchanted, qui au milieu de cette ambiance balkanique, joue la carte de la chansonnette d’amour.

 

A l’instar de certains paquets pas bons pour la santé, une mention légale pourrait figurer sur les albums de Dani : « Ecouter ce disque peut provoquer des réactions psychiques dangereusement opposées en fonction de votre état mental et de votre humeur du moment.». Et si ses envolées cantatrices congestionnées remettent en question la pérennité de vos tympans sur notre belle planète, une solution existe : Discovered Covered, album de 18 reprises distillées par Tom Waits, Eels, TV on the Radio, Beck and more. Très bon, mais moins drôle...

 

Myspace: https://www.myspace.com/dannyjohnston 

 

tracklist de Beam me up

01 Sarah Drove Around In Her Car 

02 Syrup Of Tears 

03 Must 

04 True Love Will Find You In The End 

05 Wicked World 

06 Mask 

07 Try To Love 

08 Devil Town 

09 Love Enchanted 

10 Walking the cow 

11 Last Songs 

12 Beatles 

 

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