Voilà une bonne surprise, avec le retour 20 ans après des rétro-futuristes doux dingues de Plone et leur nouvel album Puzzlewood, peu de projets électroniques sont aussi joyeux et souriants que celui-ci.

On les découvrait en 1999 avec leur premier album For Beginner Piano, à l’époque où le label Warp nous introduisait à une redéfinition de la musique électronique et de la musique tout court avec une variété d’identités fortes en electronica et IDM, d’Autechre à Boards of Canada, jusqu’à Squarepusher et Aphex Twin, mais quand la plupart abordaient ces nouveaux genres avec beaucoup de recherche et de radicalité, ceux qui se prenaient le moins au sérieux étaient sans doute Plone, avec une musique qui sonnait plus innocente et faussement enfantine.

Il y avait quelque chose de fondamentalement sincère, respirant l'allégresse et aussi sautillant qu’une balle rebondissante de notre enfance et aussi comiquement pataud et bigarré qu’un slinky toy qui dévale un escalier en cadence.
Les revoilà donc deux décennies plus tard, et on aurait pu s’imaginer qu’ils auraient grandi et mûri depuis, chopé des maladies d’hommes d’âge mûr, peut-être même ont-ils pu divorcer et se remarier plusieurs fois, devenu accroc à la drogue sauf que, non pas du tout. Puzzlewood apparaît comme la suite parfaite de For Beginner Piano en ce qu’il apparaît tout aussi émerveillé, les yeux écarquillés avec un large sourire et aussi optimiste que son prédécesseur, et ce sentiment est particulièrement réconfortant et douillet en ces temps de confinement.

Il avait apparemment été partiellement enregistré quelques années seulement après leur premier album de 1999 puisqu’il y avait une rumeur de la sortie d’un deuxième album à partir de démos découvertes en bootleg, mais il n’y a jamais eu de sortie officielle. A la suite de quoi l’un des membres, Billy Bainbridge a suivi Broadcast en tournée et a formé ensuite le projet Seeland avec un autre musicien de tournée de Broadcast Tim Feldon, tandis que Mike Johnston a lui formé le ZX Spectrum Orchestra, sorti des morceaux en solo sous le nom de Mike in Mono et a été enrôlé comme membre de ‘The Modified Toy Orchestra.
Et cette musique est peut-être ce qui se fait de plus à l’extrême inverse du cynique, soit des compositions électronique douces qui sonnent parfois comme la bande son de films éducatifs pour enfants, mais aussi à Ennio Morricone dans ses oeuvres les plus mélancoliques et douces-amères, ou de la musique pour faire clubber des maternelles.

Et même si on a l’impression d’entendre le même esprit que leur premier album For Beginner Piano, il y a aussi une plus grande ouverture et on sent une volonté d’élargir leurs horizons. Et c’est un peu ça le génie de Plone, car s’il arrivent à créer des sonorités sincères et sympathiques, il y a tellement plus de fond sous-jacent que ce simple constat. Les morceaux évoluent et se meuvent de façon innovante et dans de nouvelles façons plus excentriques les unes que les autres.
On sent alors que leur retour à ce projet leur a donné l’occasion se montrer encore plus ludiques et bons vivants, et de piocher à nouveau dans la créativité des enfants qui sommeillent en eux, et c’est un plaisir renouvelé que de s’y plonger et s’y replonger.

https://plone.bandcamp.com/album/puzzlewood

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