Après ses débuts sur le label Memphis Industries avec l’album What a Boost en 2019, qui ont contribué à son actuelle stature dans les cercles indie, Rozi Plain a passé une grande partie des deux années suivantes dans des studios d'enregistrement dans le Pays basque en France et l'île d'Eigg en Ecosse, ainsi que dans sa ville de résidence à Londres et dans diverses maisons à travers le Royaume-Uni.
Une grande partie de ce qu’elle y a enregistré a formé la base de son nouvel album Prize, qui a au sein de son backing band le coproducteur de l’album Jamie Whitby-Coles (échappé du groupe This Is the Kit) à la batterie, Amaury Ranger à la basse, et Gerard Black sur divers claviers et synthés.
Parmi les nombreux musiciens invités, citons Kate Stables, leader de This Is the Kit, le saxophoniste de jazz d'avant-garde Alabaster DePlume et le spécialiste de l'électronique Danalogue (qu’on vous a fait connaître avec son groupe the Comet Is Coming). Un casting de musiciens qui préfigure parfaitement le mélange complexe et hypnotique de rock indé ruminatif, de folk tranquille et de jazz d'improvisation de l'album en accord avec le caractère de celui qui l’a précédé.
Kate Stables apparaît alors aux côtés d’Alabaster DePlume et d'autres sur le morceau d'ouverture, "Agreeing for Two", qui établit rapidement la voix douce et à double piste de Rozi Plain et la conception souvent circulaire et intérieure de son accompagnement.
La batterie vive, le motif syncopé de la guitare et la qualité de la mélodie de ce morceau en font l'une des propositions les plus vivantes de l'album, car la liste des morceaux semble s'enfoncer de plus en plus dans une contemplation rêveuse au fur et à mesure qu'elle progresse, même si l'album garde un certain ressort.
Une partie de sa qualité somnambulique vient du séquençage qui se déplace sans effort entre des tempos modérés et une palette instrumentale sous-jacente très cohérente, alors même qu’elle se laisse en revanche aller à des détournements dans des jeux de mots absurdes, comme sur "Complicated", à une jazz-pop plus élaborée, accompagnée de piano et de cordes, sur "Help", et à une synth pop presque excentrique et traînante sur "Painted the Room Black".
Le dernier morceau, "Blink", avec ses effets fantasques de sifflement, ses synthétiseurs en forme de gouttes d'eau, ses cors bourdonnants et ses phrases de guitare répétitives à une note, est au moins aussi étrange et rêveur que le reste, tout en entraînant les auditeurs sur des rythmes sous-jacents, comme s'ils dérivaient dans un état de demi-sommeil.
Dans l'ensemble, Prize est un album complémentaire de son précédent What a Boost, qui distingue encore davantage le son si particulier de Rozi Plain.
https://roziplain.bandcamp.com/album/prize