Le quatrième album de Ginger Root, SHINBANGUMI, reprend la trame narrative de son EP conceptuel Nisemono (2022), qui imaginait sa carrière musicale comme celle d'une étoile montante de la pop au milieu des années 80.
Sur SHINBANGUMI (qui se traduit par « nouveau programme » ou « nouvelle saison d'une émission »), le maître d'œuvre du projet, Cameron Lew, se met dans la peau d'un superviseur musical pour une émission de télé qui se retrouve licencié et qui surmonte ensuite une série d’obstacles pour créer son propre conglomérat de médias en 1987. Musicalement, ces détails sont moins importants que le sentiment d'ambition étourdissante qui se dégage de ce qui est sans doute l'album le plus barré et le plus exubérant de Ginger Root à ce jour. Les influences citées par son auteur vont du boogie à la soul de Philadelphie, en passant par la pop urbaine japonaise et l’album Ram de Paul McCartney.
C’est aussi son premier album pour le label Ghostly International, un label qu’on aime particulièrement chez novorama.
L'intro « Welcome » donne le coup d'envoi avec une quarantaine de secondes d'effets de science-fiction ascendants et orchestrés, avant que la funk-bossa ludique au clavier « No Problems », avec ses cordes luxuriantes, son refrain vocal, ses cloches et sa section rythmique groovy, ne nous incite à bouger du popotin.
Il persévère ensuite sur le morceau funk « Better Than Monday », revient à la bossa nova orchestrale sur le plus pop « There Was a Time », et atterrit quelque part entre la musique de dessin animé, la pop japonaise et le jingle commercial sur le très percutant « Kaze » (un morceau inspiré par Harry Hosono du Yellow Magic Orchestra et enregistré dans un bar karaoké).
Vers la fin de l’album, Cameron Lew prône l'action sur « Giddy Up », un morceau exalté et endiablé, qui s'arrête juste avant de vraiment exploser sur sa fin. Le morceau de clôture « Take Me Back (Owakare No Jikan) », dont la partie japonaise se traduit par « il est temps de se dire au revoir », ramène SHINBANGUMI à son essence première sur une fusion fluide de la plupart des styles que j’ai pu mentionner dans cette chronique.
En cours de route, il y a de courtes sketchs et des interludes de type musique d'ascenseur qui nous rappellent que nous sommes à l'écoute d'une production TV. En fin de compte, là où Cameron Lew nous impressionne le plus c’est qu’il arrive à faire d’une musique aussi fun, quelque chose d’à la fois ambitieux et éclectique (même si parfois à la limite du chaotique).
https://gingerroot.bandcamp.com/album/shinbangumi