Chaz Bundick n’a jamais été le genre d’artiste à se cantonner à un seul type de son. Que ce soit sous le nom de Toro y Moi, avec lequel il a fait ses armes en contribuant à inventer la chillwave, ou sous d'autres pseudonymes, il s'est essayé à la dream pop, au funk moderne, au psychédélisme, au jazz, à la new age, au R&B alternatif et même à la country-rock. Une chose qu'il n'avait pas encore essayée, malgré des contrats de production pour divers rappeurs, c'était le rap. Son album Hole Erth, y remédie et Chaz Bundick aidé d’une poignée d'invités nous livrent un mélange enivrant de rap, de chillwave, de dream pop et de rock alternatif tendance emo, et le résultat est tout à fait charmant et plein de délices nostalgiques.

Comme il le fait habituellement quel que soit le style qu'il aborde, Chaz Bundick se montre à la hauteur de la tâche en créant un disque qui ne se contente pas de capturer l'essence du son, mais qui en est le meilleur exemple possible. Il n'y a pas beaucoup de musiciens qui font des disques avec des morceaux comme « Reseda », qui associe des guitares shoegaze façon Sonic Youth mais lourdement traitées à une batterie prog tonitruante, une boucle de trap, une ligne de basse emo-punk et une mélodie vocale empruntée aux titres les plus récents de Weezer. Sans oublier le rap, une autre corde que Chaz Bundick ajoute à son arc.

L'album est parsemé de ce genre de collisions de genres qui, d'une manière ou d'une autre, n'ont pas l'air associés par hasard ou par entêtement, mais qui au contraire, ont l’air de s’assembler de façon très naturelle et évidente.

Des morceaux comme “ HOV “, qui évoque une rencontre nocturne entre le rap hardcore et la pop ambiante, ou ” Smoke “, qui invente à lui seul le genre folk trap, ne pouvaient pas fonctionner sur le papier. Pourtant, elles font mouche, grâce au talent de Chaz Bundick et à son incarnation en tant que rappeur, qui est très flou aux entournures, qui a les yeux dans le rétro et qui n'est certainement pas un gangster, car il navigue à travers les morceaux comme le mec triste et froid que Drake aurait aimé être.

En plus des morceaux qui font éclater les frontières des genres mentionnés ci-dessus et de ceux qui font des mélanges osés comme « Heaven », une magnifique ballade trap/R&B/bedroom pop, qui sonnent comme un style nouvellement créé, il y a aussi une poignée de morceaux qui collent étroitement au modèle de trap de fin de soirée, et ceux-là s'en sortent très bien aussi. Le titre « Madonna » avec Don Toliver est très fun, les deux rappeurs s'échangeant des couplets autotunés, tout comme « Babydaddy », un autre morceau que Drake lui jalousera certainement. Hole Erth est définitivement un nouveau départ pour Toro y Moi et Chaz Bundick, car il n'a jamais sonné aussi moderne et adapté au rap. Sans surprise pour ceux qui le suivent depuis le début, Chaz Bundick gère ce changement avec un aplomb certain, et tout ce qu'il tente fonctionne parfaitement. Comme d'habitude.

https://toroymoi.bandcamp.com/album/hole-erth

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