On ne sait jamais vraiment à quoi s'attendre avec Negro Leo. Alors que l'auteur-compositeur-interprète de São Paulo élabore des morceaux de psych-rock déroutants; le voilà l’instant d’après à composer des ballades pop expérimentales pour guitare violão, à écrire des paroles austères pour des films, ou à transformer des morceaux latins en grooves ensoleillés et aérés. C'est chaotique, passionnant et lié par un fil rouge de dualité qui traverse tout ce qu'il touche. Son dernier album, RELA, ne fait pas exception à la règle.
Le mot « rela », emprunté au petit amphibien originaire de certaines régions d'Europe et d'Afrique, a lui aussi une curieuse double vie linguistique, à cheval entre le naturel et le familier. Au-delà de ses racines biologiques, il évoque le chant rythmique des grillons tout en servant d'argot brésilien pour désigner les personnes impertinentes ou bavardes.
À l'instar de son homonyme amphibie, RELA (l'album) est indulgent, rieur, voire poétique - une vitrine ambitieuse du talent qu’a Negro Leo pour créer des histoires parlant de sexe, de luxure et de positivité corporelle, inspirées par les hauts et les bas fugaces de l'intimité pilotée par les applis de rencontre.
Negro Leo tourne autour de ce concept depuis un certain temps.
Effectivement. son précédent album Desejo de lacrar était une puissante secousse sonore de sexe et de désir, esquissée dans des odes expérimentales déchiquetées. Sa collaboration avec MAY TUTI, également nommée « RELA », explorait un terrain similaire - des corps moites enfermés dans une tension lascive, réfractés à travers la lentille vernaculaire de Leo sur l'amour à l'ère moderne.
Avec sa dernière œuvre, il tourne son regard vers le pays, tissant une toile envoûtante de récits enracinés dans les célébrations folkloriques traditionnelles du Maranhão.
Sorti sur QTV Selo, la plaque tournante en plein essor de l'avant-garde brésilienne, RELA se retrouve aux côtés d'une liste intrépide d'artistes qui repoussent les limites, tels que Juçara Marçal, Mbé et Kiko Dinucci, auxquels Negro Leo fait appel pour élever le son de l'album vers de nouvelles sphères sonores.
Lorsque nous atteignons la fin de l'album, nous avons l'impression de nous réveiller d'un rêve fiévreux : des fragments de mélodies et de rythmes à moitié remémorés s'entrechoquent dans une brume d'abstraction. C'est une conclusion appropriée pour un album qui se nourrit de l'inattendu - un témoignage de la fascination de Negro Leo pour le corps et le monde naturel, liée à un lien profond avec la tradition et l'ésotérisme.
https://negroleo.bandcamp.com/album/rela-2