Marie Davidson a connu son plus grand succès en club (et a été nominée aux Grammy Awards) avec le remix de Work It du groupe Soulwax, un titre audacieux sur la quête du succès. Elle s'est ensuite éloignée de la musique club avec Renegade Breakdown, un album réalisé avec son trio L'Œil Nu, qui explorait des influences jazz, folk, rock et cinématographiques, précédé d'un avertissement parlé indiquant qu'il n'y avait "pas de tubes commerciaux sur cet album". Et la voici qui sort City of Clowns, co-produit par Soulwax et sorti sur leur label Deewee, qui semble être la suite logique de Work It et Working Class Woman, comme si le détour par l’album Renegade Breakdown n'avait jamais eu lieu.
Marie Davidson revient à ses monologues ironiques sur de l’électro-techno palpitante, mêlant autodérision et confiance en soi, et ne laissant finalement personne d’autre prendre le dessus. Elle déclare avec insistance "Si je devais vraiment choisir, je préférerais être moi plutôt que toi" dans le morceau Sexy Clown, et devient carrément acerbe sur le morceau anxiogène Push Me Fuckhead ainsi que dans les deux versions de Y.A.M.M..
En plus des morceaux club, l'album présente des compositions plus expérimentales qui s'aventurent effectivement dans de nouvelles directions.
Ainsi le morceau d’ouverture, Validations Weight, propose des nappes de synthé presque ambiantes, avec des kicks de trap puissants, et une narration robotique dans un style science-fiction. Le morceau « Statistical Modelling » est plus proche de l'électro de Detroit, se propulsant à travers une ligne d'horizon en néon tandis qu'un fragment sur les “flux de données” se répète au fond du mix.
Le titre « Contrarian » embrasse lui plusieurs styles de dance music de la fin des années 90, mélangeant des grosses caisses martelantes et des breakbeats percutants avec des synthétiseurs acid trance. Quant au titre « Unknowing », c’est un tourbillon déroutant mais fascinant de rythmes noueux et sporadiques et de voix brouillées, avec un groove martelant qui émerge peu à peu. Canalisant la paranoïa technologique, l’album City of Clowns contient certaines des œuvres les plus futuristes de Marie Davidson à ce jour, ainsi que certaines de ses œuvres les plus imposantes et les plus personnelles.
https://mariedavidson.bandcamp.com/album/city-of-clowns
