Les new Yorkais de Gang Gang Dance étaient à Paris le 17 mai dernier pour un concert au Point Ephémère! Nous en avons profité pour interviewer la chanteuse Lizzie Bougatsos.
Elle revient ici sur leur tournée actuelle, l'incendie qui avait ravagé leur matériel, la scène musicale new yorkaise et biensûr sur leur nouvel album Eye Contact qui vient de sortir chez 4AD!
Vous venez de commencer une tournée européenne, Paris est votre 6ème date. Comment cela se passe pour l’instant ? Quel est votre meilleur moment jusqu’ici ?
La tournée se passe très bien, tout est très positif. Le moment le plus mémorable pour l’instant fut probablement l’ATP (All Tomorrow’s Party Festival, en Angleterre). Nous avons partagé la scène avec des groupes que nous apprécions beaucoup tels qu’Animal Collective, Doueh (Mali) Lee Scratch Perry, Terry Riley.
Highlife, le projet solo de notre bassiste guest sur cette tournée, a donné un super concert très psychédélique hier soir à Londres.
La tournée parfaite ?
Gang Gang Dance et Lee Scratch Perry en Amérique du sud pour finir en Jamaïque
Cette tournée est-elle une revanche sur le destin après ce qui est arrivé il y a 2 ans aux Pays-Bas (ndlr : un incendie avait détruit en grande partie leur matériel et les avait contraint à annuler le reste de leurs dates européennes)
Ce dramatique accident a finalement débouché sur des choses très positives, et cette tournée en fait partie. J’aime à penser que nous sommes tel le phoenix qui renaît de ses cendres.
Fut-il difficile de rebondir après un tel évènement ?
Oui, ce fut d’abord très déprimant lorsqu’on s’est retrouvés bloqués à Amsterdam dans un hôtel sordide après l’incident. C’était visuellement et moralement très dur !
Mais dés notre retour à NYC on donna un grand concert au Moma qui marqua un tournant
dans notre approche musicale car nous avions tout ce matériel emprunté à des amis, faute d’argent, et le fait de ne pas connaître ces machines eut pour effet de stimuler grandement notre créativité.
Concernant votre nouvel album « Eye Contact » , qui vient de paraître, je constate que vous avez changé de label, passant de Warp à 4AD. Y a t il une raison particulière à ce changement ?
Rien de particulier, cela allait simplement avec le fait que le groupe était dans un état d’esprit différent et que c’était alors une bonne chose d’être entouré d’une nouvelle équipe.
Votre album s’ouvre sur Glass Jar, un titre psychédélique de 11 minutes qui fut aussi
choisi comme single. Pourquoi ce choix plutôt audacieux, voire risqué ?
Ce fut justement l’idée du label, nous les avons laissé faire car c’était une idée géniale ! Nous nous sentons vraiment sur la même longueur d’onde avec 4AD, c’est une collaboration très positive.
Votre musique était connue pour être plutôt abstraite et en grande partie improvisée.
Cependant ce nouvel album semble plus structuré, plus contrôlé, plus mature en
quelque sorte. Dans quel état d’esprit l’avez-vous réalisé ?
Chaque album est fait dans un état d’esprit qui lui est propre. Pour celui-ci on avait plus
de temps que d’habitude, moins de pression sur nos épaules, on a ainsi pu aller au bout de nos idées en termes d’écriture et d’enregistrement. De plus, nous étions au même endroit pendant tout ce processus, chose pas forcément évident quand on habite New York. De fait, la production et les ingénieurs du son étaient très présents et tous ces facteurs ont permis d’établir un environnement de travail très productif pour nous.
D’où viennent ces sonorités « world-music » très marquées dans votre musique ?
Pourquoi une telle fascination ? Est-ce en rapport avec une expérience quelconque
comme un voyage…
Pas vraiment. Cela vient surtout des différents styles de musique que nous écoutons au sein de groupe. Lorsque nous avons commencé nous étions très influencés par la musique éthiopienne qui constitua la base sur laquelle nous avons construit notre identité en tant que groupe. De manière générale nous sommes inspirés par les musiques africaines et celles du monde entier, cela se ressent naturellement dans notre son.
Vous êtes souvent cités aux côtés d’autre groupes New Yorkais tels que Animal
Collective ou TV on the Radio. Quelle est, selon vous, l’influence de cette ville sur l’art et la musique en particulier.
Il est certain qu’il y avait quelque chose de spécial à NYC lorsque nous avons commencé.
Aujourd’hui les choses ont changé, la plupart des membres des groupes que vous venez de citer ne vivent plus là. Pour nous, NYC n’est plus au centre de nos préoccupations, même si nous y baignons au quotidien. Cela reste une ville très dynamique et exaltante pour les jeunes groupes. Ce n’est plus forcément le cas pour les vieux qui tournent depuis 10 ans (rires).
Pour finir, un coup de cœur musical à nous faire partager ?
Le Group Doueh que j’ai mentionné plus haut est vraiment fantastique, ainsi que les deux groupes avec lesquels nous allons tourner cet automne : Nguzu Nguzu et Total Freedom.
Romain Garnier